Algérie

Le CNT face aux enjeux de la construction de la nouvelle Libye Ses combattants à l'assaut des derniers carrés loyalistes à Syrte



Syrte, le berceau de l'ancien dictateur libyen Mouammar El Gueddafi, est pour ainsi dire tombée entre les mains du Conseil national de transition (CNT).
Au plan du symbole, la chute de cette ville marquera indubitablement la fin du régime d'El Gueddafi et le début d'une nouvelle ère pour la Libye. Une ère qui sera marquée toutefois par beaucoup d'incertitudes et d'inconnues. A l'exception en effet d'une petite poignée d'éléments irréductibles restés fidèles à l'ancien maître de Tripoli qui continuent à défendre quelques positions sans intérêt stratégique, l'armée loyaliste est complètement décimée. Les combattants du CNT s'apprêtaient en tout cas, hier soir, à leur donner l'assaut.
Le CNT devrait proclamer, dans les toutes prochaines heures, la «libération totale» du pays et ouvrir la voie à la formation d'un gouvernement chargé de gérer la transition jusqu'à la tenue d'élections générales. L'annonce est conditionnée néanmoins par le contrôle total de Syrte. Ce qui ne saurait objectivement tarder. Pour preuve : les bombardements des forces pro-CNT se sont concentrés durant la matinée d'hier sur une zone d'environ 3 km2 constituée de trois quartiers résidentiels où résidaient de nombreux apparatchiks de l'ancien régime. En fin de matinée, les combattants venus de l'ouest étaient parvenus à y pénétrer et à faire des prisonniers.
Selon des combattants du CNT, un des fils El Gueddafi, Mouatassim, et plusieurs caciques de l'ancien régime ' notamment Aboubacar Younes, compagnon de la première heure de Mouammar El Gueddafi et responsable du front de Syrte, ainsi qu'Ahmed Ibrahim, ex-ministre de l'Education ' dirigeraient encore les opérations dans la zone. Moustapha Abdeljalil, le président du CNT, pour soutenir ses troupes qui ont perdu plus de 80 hommes depuis le week-end dernier, s'est rendu mardi sur les lieux. Outre cette ville, les forces du nouveau régime de Tripoli assiègent actuellement l'oasis de Beni Walid (170 km au sud-ouest de Tripoli). Mais dans cette localité, les forces loyalistes leur opposent encore une résistance acharnée.
AQMI s'invite dans le débat sur la nouvelle Libye
Au plan économique, le ministre des Finances et du Pétrole du CNT, Ali Tarhouni, a annoncé hier qu'aucun nouveau contrat pétrolier ne sera accordé en Libye tant qu'un gouvernement n'aura pas été formé à l'issue d'élections. «Il n'y a pas de nouveau contrat pendant cette période transitoire ni pour Total ni pour aucune autre compagnie», a déclaré M. Tarhouni. Cette déclaration est probablement destinée à réfréner quelque peu les ardeurs de certains pays occidentaux qui paraissent pressés de prendre leur part du «gâteau» de la reconstruction de la Libye et d'exploiter le pétrole libyen. M. Tarhouni a fait cette déclaration le jour même de l'arrivée en Libye d'une délégation de représentants de 80 entreprises françaises. «Le seul gouvernement qui puisse accorder de nouvelles concessions pétrolières est un gouvernement élu et cela interviendra une fois que nous aurons une Constitution», a-t-il martelé.
Sur un autre plan, les perspectives d'un rétablissement rapide de la sécurité en Libye semblent pour le moment assez minces en raison de la lourde menace que fait peser AQMI sur le pays. Cette organisation terroriste paraît, en tout cas, décidée à en faire son sanctuaire favori et surtout à le marquer de son empreinte idéologique. Pas plus loin que mardi, Ayman Al Zawahiri, le nouveau n°1 d'Al Qaîda, a pressé les Libyens à adopter la charia comme base du régime qui doit succéder à celui de Mouammar El Gueddafi et prévenu le CNT sur les risques d'une implantation de l'OTAN dans la région.
«La première chose que l'OTAN fera sera de vous demander d'abandonner l'Islam», a lancé le successeur d'Oussama Ben Laden, qualifiant de «gang occidental» l'Alliance atlantique. «Faites attention aux complots de l'Occident et de ses sbires au moment où vous bâtissez votre nouvel Etat. Ne leur permettez pas de vous tromper et de vous priver» du résultat «des sacrifices et des souffrances» endurés, a-t-il dit dans une vidéo diffusée sur internet.


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