Algérie

Le CNES dresse un constat sans concession sur l'Université



Le CNES dresse un constat sans concession sur l'Université
L'Université joue un rôle capital dans le développement humain et doit changer de mode de gouvernance pour faire face aux défis des objectifs de développement 2030. C'est ce qu'a préconisé, lundi, le coordinateur du rapport du CNES sur le développement humain en Algérie, Faouzi Amokrane.Intervenant lors d'une conférence organisée par le Centre de recherche en anthropologie culturelle et sociale (Crasc), à Oran, M. Amokrane a commenté le rapport national sur le développement humain 2013-2015, en mettant l'accent sur le rôle des jeunes. «La plateforme mise en place pour la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) 2015-2030 tient comme élément central les jeunes, ce qui est dicté notamment par la résolution onusienne 2250 qui met les jeunes au centre du développement et de la paix», a déclaré le conférencier. Interrogé sur le rôle de l'Université, le coordinateur du rapport du conseil économique et social insiste : «son rôle est capital, car elle fournit le capital savoir et le capital humain (?) ; à présent, la question de la qualité des diplômes ne pourra être traitée sans régler le problème du nombre.Si on compare avec des pays émergents, nous avons très peu de diplômés universitaires.» Le rapport du CNES révèle plusieurs dysfonctionnement en matière de recherche scientifique. En premier lieu, et dans une comparaison avec un pays voisin qu'est la Tunisie, il est constaté que l'Algérie a un potentiel d'universitaires quatre fois supérieur à celui de la Tunisie, mais sa production scientifique est nettement inférieure, qu'il s'agisse de qualité ou de nombre. Le experts du CNES concluent que «les universités algériennes ne sont pas parvenues à mettre en place les conditions d'un véritable décollage et n'ont pas capitalisé les expériences scientifiques et pédagogiques acquises.» Ce développement paradoxal dans les universités s'est renforcé depuis l'intégration du système LMD il y a dix ans. En effet, le système LMD a pour principal objectif l'adéquation des formations universitaires aux besoins du marché de l'emploi. Cependant, le problème du chômage des diplômés persiste encore, alors que l'expérience LMD est à sa dixième année. Pour le Cnes, «ce problème s'aggrave de plus en plus».La raison invoquée est le nombre de licences professionnelles qui ne constituent que 5%, alors qu'elles sont de 70% au Maroc et 75% en Tunisie. Le Cnes avertit : «La persistance de ce chômage porté en bonne proportion par les jeunes est de nature à accentuer les risques d'instabilité sociale.» En plus de la question de l'employabilité des diplômés, c'est toute la gouvernance qui doit être renforcée dans les universités algériennes. En effet, les responsables dans les établissements algériens ont semblé jouer le rôle de simples relais dans la réforme et l'introduction du système LMD, alors que le projet devait être mené en impliquant les enseignants et les étudiants pour qu'ils s'approprient tout le système. Pour preuve, les passerelles qui doivent être mises en place entre différentes spécialités n'existent pas encore : les architectes ne recrutent pas d'urbanistes dans leurs masters et certainement pas de sociologues, ce qui démontre que l'esprit du système LMD n'a pas été bien assimilé. Le Cnes estime que la gouvernance ne se fait pas par décret et qu'il faut impliquer tout le monde.Ce rapport sur le développement humain, qui accorde une place importante à l'Université, insiste enfin sur les défis exogènes. «L'Université algérienne doit réfléchir, dès à présent, sur les nouveaux et futurs défis auxquels elle devra faire face et qui sont induits par les changements économiques et environnementaux.» En somme, en plus de la qualité de l'enseignement et l'employabilité des diplômés, lesquels éléments semblent liés à la gouvernance, l'Université doit tracer une nouvelle carte de formation pour répondre aux exigences de développent durable, soit des formations adaptées dans l'environnement, l'économie numérique et la transition énergétique.


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