Algérie

Le clasico Bien-Mal



Dans cette ville, comme chaque année, des citoyens reprendront, sans doute, le parcours suivi en ce jour historique, non férié, par des Algériens qui avaient cru (ou cru comprendre) que la mise à mort de l’hydre nazie, à laquelle nombre des leurs avaient participé, sonnait aussi le glas de la domination coloniale. Mais l’histoire a prouvé que le Mal ne laissait jamais entièrement le champ libre au Bien.
C’est en commémoration de cette date que la Librairie Kalimat, dont l’adresse – boulevard Victor Hugo, à Alger –, est un si bon augure, a choisi de présenter cet après-midi l’essai historique de Mohamed Rebah, intitulé Des chemins et des hommes. C’est la première fois, à notre connaissance, que ce lieu, bien tenu et accueillant, organise une vente-dédicace. Et c’est tant mieux. Mais ici aussi on ne peut jouir du Bien sans devoir se coltiner le Mal. Le pôle urbain livresque qui se dessinait au centre-ville, malgré la fermeture de la librairie El Ghazzali, prend de sales coups. Ainsi, après la fermeture de l’Espace Noun, la pétillante librairie Mille-Feuilles, par ailleurs éditrice, aurait mis la clé sous le paillasson. L’ancienne librairie Ibn Khaldoun présente une façade voilée. Vendue ' En travaux ' Aucun panneau pour y répondre. Ainsi, sur toute la rue Didouche Mourad, artère emblématique de la ville, il ne reste plus que la librairie des Beaux-Arts et ce brave Mouloud, bouquiniste des Etoiles d’Or, pour proposer l’éventualité d’une vie spirituelle au-delà de l’habillement, des chaussures, des chawarmas, des mobiles et autres nécessités plus ou moins nécessaires.
Mardi dernier, à la villa Angelvy de Tipasa se tenait un bien bel hommage à Hamid Skif, émouvant, intéressant, inscrit dans la Journée internationale de la liberté de la presse. A ce Bien, il fallait bien un Mal : celui de découvrir que la wilaya ne comprend que trois ou quatre librairies, encore que nos informateurs hésitaient à affirmer s’il s’agissait de véritables librairies, cette enseigne étant souvent associée, dans notre pays, à la papeterie (passe encore), la vente de parfums, cosmétiques, couches-bébés et autres utilités plus ou moins utiles !
Pendant que nous parviennent les premiers frémissements de la préparation du 16e Salon international du livre d’Alger, serait-il possible d’y envisager une rencontre sur le devenir des librairies et les moyens de les soutenir ' Dans le super clasico qui oppose le Mal au Bien, bien plus terrible que celui entre le Barça et le Réal, combien de temps nous sépare de la fermeture de l’ultime librairie d’Algérie ' Nous aurions alors atteint le même résultat que celui de l’armée coloniale qui, en 1830, détruisant la Basse-Casbah, avait pris soin de raser la Qassaïrya, le quartier des livres et de ses métiers. Mal-Bien : match inachevé. Trois expulsions, un avertissement.


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