Algérie

«Le citoyen a une grande responsabilité»



À l'ouverture de la campagne électorale pour les élections locales du 27 novembre, le professeur en droit constitutionnel, Rachid Lerari, revient, dans cet entretien, sur les volets les plus importants, lors de cette campagne et les facteurs essentiels susceptibles d'engendrer les changements attendus en matière de pratique électorale et de résultats.L'Expression: Comment voyez-vous le déroulement de cette campagne électorale, par rapport aux campagnes précédentes'
Rachid Lerari Les élections locales revêtent un caractère particulier, du fait qu'elles se frottent à la vie quotidienne des citoyens et touchent aux spécificités régionales et tribales. Mais elles ne sortent pas, pour autant, du fondement et du cadre général des élections. Cela étant, le phénomène, pour ces élections est le fait qu'il n'y a aucun parti qui a pu couvrir, en matière de candidatures,
1 541 communes dans 58 wilayas. Cela revient aux nouvelles dispositions de la loi électorale qui ont rendu la mission des partis politiques plus difficile en matière d'établissement des listes et de collecte des signatures, notamment pour les partis qui n'ont pas un ancrage important sur la scène politique, et même ceux qui n'avaient, par le passé, aucune difficulté à satisfaire ce critère, se sont heurtés, lors de ces élections aux nouvelles règles, et peinent à afficher la même force. Cela revient, en particulier, à l'article 184 du Code électoral qui introduit le principe de justification envers l'administration fiscale, et surtout la lutte contre l'argent sale, qui a engendré un grand nombre de cas de rejets de candidatures. C'est le résultat d'un travail de fond des services d'investigations et d'enquêtes, bien que dans beaucoup de cas les rejets ne soient pas motivés et expliqués, ce qui est un droit pour le candidat, notamment sur le fait que ce dernier doit connaître les raisons de son rejet, dans le cadre de l'application d'une justice pour tous. À cela s'ajoutent, les effets importants de l'éradication du principe de têtes de listes, ce qui confère au citoyen la liberté de voter pour le candidat qu'il choisit, sans contrainte.
Peut-on dire que l'application du nouveau Code électoral, lors des législatives, a introduit une nouvelle pratique électorale, qui va marquer les élections locales'
Ces nouvelles règles électorales vont être plus visibles et plus ressenties lors des élections locales. C'est ce qui va mettre en exergue les acquis venus dans la révision du Code électoral, notamment en matière de candidatures, où l'on a vu un engouement certain de la jeunesse et des universitaires vers la pratique politique. C'est une avancée importante pour ces élections, qui va se répercuter sur la composante des Assemblées qui seront élues, avec plus de représentativité, ce qui va donner l'opportunité aux nouveaux élus de concrétiser, sur le terrain les nouveaux mécanismes de gestion des collectivités locales. Cela à condition d'accompagner ces jeunes élus d'un programme pédagogique de formation à la gestion locale, du fait que la plupart sont des jeunes universitaires qui auront la crédibilité du peuple et auront besoin d'un suivi de la part de l'Etat. D'autant plus que nous sommes en pleine révision du Code communal et de la wilaya, en vue d'atteindre une autonomie en matière de développement local. C'est ce qui va permettre d'atteindre un niveau de méritocratie introduisant le principe de récompenses et de félicitations aux élus qui réussissent leurs missions, et celui de la sanction pour ceux qui ne seront pas à la hauteur des défis de l'heure. D'où l'importance de ces élections, qui vont apporter un nouveau souffle à la gestion des collectivités locales d'une part, et oeuvreront à rapprocher l'administration et l'Etat, du citoyen, d' autre part.
Selon vous, dans quelles proportions se situera le taux de participation, pour ces élections locales'
Dans le cadre des arguments évoqués, et dans la mesure où ces règles se concrétiseront sur le terrain, pour l'émergence d'une gouvernance souveraine et indépendantes des collectivités locales, le citoyen a une grande responsabilité et un rôle à jouer maintenant, en se présentant en force aux urnes le 27 novembre, pour imposer son choix, d'autant plus qu'il jouit d'une liberté inédite dans le choix des futurs élus. C'est une opportunité en or, pour asseoir de nouvelles règles et une nouvelle vision du fonctionnement des collectivités locales, et surtout confirmer la rupture avec les anciennes pratiques, Notamment le fait que la faiblesse du nombre des listes lui permettra d'avoir une vision claire et d'effectuer un choix étudié et libre, car c'est de là que dépendent tout son sort et sa vie quotidienne. C'est en ces termes que l'on s'attend à un taux de participation plus élevé que celui des législatives, du fait d'une forte présence des jeunes universitaires et de la participation de la femme, pour laquelle le loi a donné les mêmes chances.
Un dernier mot
Il est clair que les citoyens doivent participer en force à ces élections qui s'imposent comme le couronnement du processus constitutionnel et participer au moins, à faire élire les compétences et les personnes susceptibles de créer le changement, et qui peuvent le représenter le mieux possible.


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