Algérie

« Le cinéma manque de moyens »



« Le cinéma manque de moyens »
  Le film a été projeté dans une salle comble. Quel est votre sentiment ' C'est un sentiment paradoxal. Il y a à la fois du bonheur, parce qu'on se dit qu'on a atteint le but, mais un peu de tristesse car quand un film est terminé, il se sépare de nous, on s'en sépare aussi et il appartient désormais à ceux qui vont le regarder et l'apprécier. De mon point de vue, quand un film est terminé, on ne voit plus que les défauts, car il y a toujours des insuffisances sur la démarche, sur le plan technique. Tous les gens qui ont cru en nous, tous ceux qui ont accompagné le projet m'attendaient. Il est projeté exactement une année après le premier tour de manivelle et j'ai tenu parole.  Un mot sur les conditions de tournage, s'agissant d'un film d'époque' Je pense qu'il faut arrêter de travailler sur les films d'époque. Le cinéma n'a jamais eu les moyens d'accompagner ce genre de films, sur le plan financier. C'est stupide de chercher à tourner en décors naturels parce que cela ne s'y prête pas. Pour reconstituer un village kabyle, il faut un bateau de bois pour reconstruire des façades, soit en volume soit en surface plane, afin de donner réellement cette illusion d'authenticité. On peut réutiliser le même matériau et faire d'autres décors, il peut accompagner plusieurs films.  Quel organisme pourrait gérer ce matériel de tournage ' Ce n'est pas forcément un organisme. Ce sont des moyens financiers. Un décor doit durer. Aujourd'hui, on fait un village de Kabylie, demain on peut faire un village d'Adrar avec le même bois. Il y a un autre aspect technique qui concerne la machinerie. Il y a le travelling d'accompagnement, poser des rails, avoir une véritable grue, c'est important.  Et, vous n'avez pas ce matériel ... Ah ! non. Quand on est pauvre, il faut réfléchir un peu plus. Nous travaillons de façon artisanale et on ne s'en plaint pas spécialement, ce sont des douleurs en plus, des douleurs inutiles.  Quel est le devenir du film concernant sa diffusion ' On prendra le temps qu'il faut pour sa distribution. Ici, il n'y a pas de salles de cinéma, mais je suis prêt à circuler avec, comme je l'ai fait avec le film Mi Mezrane, je l'ai porté de village en village et je pense qu'il faut restituer Feraoun ainsi.  Le film va-t-il passer à la télévision ' La Télévision algérienne est intéressée. M. Lamrani, directeur de la chaîne tamazight, m'a dit qu'il allait le prendre avec beaucoup d'enthousiasme. Je vais le donner, car quand on a cette adhésion, nous fonctionnerons ensemble. je pense que nous avons énormément de force pour donner des images d'une grande fraîcheur, de montrer de nouveaux visages qui ont tout ce que peut demander le spectateur algérien. Si la télévision s'ouvre et a confiance dans les professionnels, nous gagnerons, parce que c'est une source de financement et ils gagneront parce qu'il a y des fabrications d'images et on peut carrément réorienter le regard du téléspectateur.  Est-il vrai que vous avez le Fils du pauvre de Mouloud Feraoun en projet ' Pas du tout. M. Bouchouchi a le sujet. Des gens sont venus me voir pour que j'y travaille. Personnellement, je vais arrêter de faire des folies. Je ne bougerai plus tant qu'il n'y aura pas le budget nécessaire. Le Fils du pauvre va demander au minimum un budget de 15 milliards de centimes. Et s'il n'y a pas la possibilité de ramasser cet argent, ça veut dire que ce n'est pas le moment.


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