Algérie

"Le cinéma algérien n'existe pas en tant que cinématographie nationale"




Lauréat du meilleur scénario de la 11e édition du Festival marocain international du film transsaharien de Zagora pour son film L'héroïne, Cherif Aggoune porte un regard critique sur le cinéma algérien .-Votre film L'Héroïne a reçu le Prix du meilleur scénario à la 11e édition du Festival international du film transsaharien de Zagora organisé au Maroc. Vous attendiez-vous à une telle consécration 'J'avoue que la compétition était difficile, car les films projetés étaient de qualité. Franchement, je m'attendais à une telle récompense, car l'assistance n'a pas été indifférente à notre passage. Je ne peux que me réjouir de ce prix qui va nous encourager à travailler davantage et donner le meilleur de nous dans les prochaines festivités. Le festival n'est qu'à sa 11e édition, il doit encore faire du chemin, devenir plus compétitif.-Pouvez-vous résumer l'histoire que raconte le film 'Le film nous plonge en pleine décennie noire. Au-delà de la question des victimes, cette période était aussi l'une des causes directes de la déstructuration de notre société. Il s'agit de l'histoire d'une femme qui a tout perdu mais qui a tout fait pour reprendre son souffle et entamer une nouvelle vie. Elle représente la résistance, le cas de beaucoup de femmes méditerranéennes qui nous donnent, chaque jour, des leçons de courage et de résistance aux sacrifices.-A votre avis, peut-on comparer le cinéma algérien à celui de nos voisins marocains et tunisiens 'Le cinéma algérien n'existe pas en tant que cinématographie nationale. Il y a quelques films qui se font aux dépens des circonstances. On débloque des sommes faramineuses au gré des différents anniversaires qui profitent souvent à des producteurs véreux. Je ne connais pas assez le cinéma tunisien, mais je sais qu'au Maroc, la gestion de ce secteur est confiée au Centre marocain de la cinématographie (CMC). Chez nos voisins, la profession est bien organisée autour d'associations de techniciens, de réalisateurs, des scénaristes, etc. Ils ont une fédération de critiques et de ciné-club, une grande école internationale de cinéma à Marrakech et une école de techniciens à Ouarzazate, devenue le Hollywood de l'Afrique. Grâce à l'activité de ces associations, le Maroc arrive aujourd'hui à organiser environ soixantaine festivals consacrés au cinéma qui ne sont ni parachutés d'en haut ni confiés à des cadres d'un quelconque ministère. Avec 35 à 37 salles sur le territoire marocain, leurs films arrivent à 700 000 entrées par an. Donc la présence du cinéma marocain dans le monde n'est pas le fruit d'un hasard. Quant à nous, nous ne sommes même pas capables de créer une association de cinéastes. Alors, comment voulez-vous que nous puissions parler, aujourd'hui, de cinéma algérien '-Pourquoi n'avons-nous pas encore d'industrie cinématographique et quelles solutions proposez-vous pour que le cinéma algérien émerge 'Il faut juste regarder ce que font nos voisins et prendre exemple. En Algérie, il nous faut un véritable centre national de la cinématographie qui serait géré de manière indépendante, avec une véritable mission et un cahier de charges. Il nous faut une production pérenne. Un responsable n'a pas à prendre ses ordres de la tutelle. Il faut réfléchir dans les plus brefs délais à la formation dans tous les métiers de ce secteur, car, malheureusement, nous sommes arrivés à un stade où il nous est impossible de constituer une véritable équipe professionnelle de tournage. Dans mon cas, je me suis retrouvé pratiquement à tout faire. Je pense qu'il est plus qu'urgent que les gens de la profession réagissent, et pour plagier un ancien professionnel de la télé, je dirai qu'il faut en finir avec le cinéma des copains et des coquins.




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