Algérie

LE CINEASTE COSTA GAVRAS À 'LIBERTE" 'J'ai une dette énorme envers l'Algérie"



LE CINEASTE COSTA GAVRAS À 'LIBERTE
Le réalisateur de l'inoubliable Z était présent à Alger, jeudi dernier, pour la clôture du Fica. Nous l'avons rencontré, et il revient, pour nous, sur ses liens avec l'Algérie, son cinéma et ses dernières actualités.
Liberté : Vous revenez, en Algérie, pour la projection de votre dernier long-métrage, 'le Capital", dans le cadre du Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au Film engagé. Quel est le rapport que vous entretenez avec ce pays '
Costa Gavras : Avant tout, j'ai une dette énorme envers l'Algérie, parce que le film 'Z" a été fait grâce aux Algériens, sinon je ne l'aurais jamais fait. Et depuis, l'Algérie est, pour moi, une sorte de patrie cinématographique. J'ai aussi beaucoup d'amis, et donc, c'est aussi une maison, un lieu d'amis. J'ai voyagé un peu partout dans le pays : Est, Ouest, et même le Sud, et je trouve ce pays magnifique sur le plan esthétique et personnel. Depuis mon film 'Z", nous avons produit trois films en Algérie, et là on en prépare un autre. L'Algérie est un lieu et puis, surtout, des personnes qui me sont très chères et qui continuent de faire partie de notre vie de tous les jours.
Il y a quelques jours, vous avez effectué un repérage en Algérie, avez-vous un nouveau projet '
Absolument, il y a Michelle (épouse de Costa Gavras, ndlr) qui produit des films avec Salem Brahimi. Ils ont fait quatre jours de repérage. Pour le moment, je ne sais pas, je cherche toujours un sujet qui me convienne et non pas un film plaqué ou un film à tout prix. Le sujet sera en rapport avec ce qui se passe aujourd'hui ou alors tout ce qui s'est passé avant.
Vos films étaient plutôt politiques, adaptés de livres, mais depuis ces dernières années, vous vous êtes tourné vers la fiction...
Ce sont les thèmes qui m'intéressent. Il se trouve que certains thèmes sortent de la vraie histoire, et cela m'intéresse beaucoup. On appelle ces films politiques mais, pour moi, tous les films sont politiques. Il y a aussi des films comme 'le Capital" dont le thème de l'argent m'intéressait, et puis le thème de mon avant-dernier, c'était celui de l'immigration. Il a fallu écrire, donc on l'a écrit. C'était de la fiction. Le thème est le plus important. Il y a des films basés sur de vraies histoires parce que le thème inspiré de la vraie histoire est beaucoup plus fort. C'est vrai que c'est écrit de la réalité, mais après, il faut inventer.
Justement, 'le Capital" est-il inspiré de la crise financière qui touche l'Europe '
L'idée du dernier film 'le Capital" est venue de l'envie que j'avais de faire un film sur l'argent, qui est un moyen formidable pour les hommes et les femmes. En même temps, l'argent est un moyen corrupteur extraordinaire. Il y a des textes magnifiques de Shakespeare et les écrivains actuels sur la capacité de l'argent à changer la psychologie humaine du jour au lendemain, en la rendant complètement différente. Ce qui m'intéressait, c'était cette capacité. En cherchant, j'ai trouvé un livre parlant d'un homme qui se trouve tout d'un coup plongé dans l'argent. J'ai réadapté le livre en apportant beaucoup de changements. Il se trouve que cela tombe avec l'actualité européenne, mais j'avais l'histoire bien avant. Je n'ai pas suivi l'actualité. Il se trouve que ce qui se passe dans le film, son résultat se passe en Europe en ce moment. Mais cela, on ne pouvait pas le prévoir. C'est le thème de l'argent qui m'intéressait. De toute façon, même s'il n'y avait pas eu la crise, je l'aurais fait et cela n'aurait rien changé.
Il y a quelques années, vous aviez parlé d'une révolution du cinéma. Qu'en est-il maintenant de ce changement '
C'est vrai que j'ai parlé d'une révolution du cinéma, mais j'ai parlé d'une révolution technique. Le numérique change tout le cinéma. Je pensais au montage (le montage numérique est plus facile), puis le tournage numérique. Avec le numérique d'aujourd'hui, je vois des jeunes en France qui font des films avec un appareil photo, donc cela permet à beaucoup de monde de faire des films, il suffit d'avoir des idées, une petite caméra et un ordinateur pour le montage.
C'est devenu public. En même temps, cela change l'économie du film, change le concept. L'accès au film a beaucoup changé. Cela dépend du talent des gens, de ce qu'ils vont faire. Chacun son engagement. Après, il y a ceux qui prennent la caméra et vont filmer les quartiers et faire des documentaires, ce qu'ils ne pouvaient pas faire avant. C'est cela, pour moi, la révolution. Ce sera une révolution réussie quand il y aura beaucoup de films qui parlent de beaucoup de choses que les auteurs auront envie de montrer.
H. M.


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