Algérie

Le cimetière des éléphants


Le cimetière des éléphants
Abdelaziz Belkhadem refuse de rejoindre le cimetière des éléphants. Ce lieu singulier de la politique algérienne où l'on y va mourir politiquement, avec d'autres éléphants écartés du système, souvent dans le silence.
Le SG du FLN (battu, revenu, retiré, ou redressé... qu'importe) connaît bien ce lieu où le système vous exile et où l'agonie politique est particulièrement interminable. Vous existez sans que l'on vous voie. Vous attendez sans que l'on vous appelle. Vous méditez sans que vos pensées aient une influence quelconque même sur la femme de ménage. C'est un lieu, sans GPS, une villa sur les hauteurs d'Alger, un bungalow au Club-des-Pins ou un loft parisien où l'homme politique algérien va en préretraite, sans aucune lumière. Disparaît.
Cela fait 20 ans que ce cimetière des éléphants se remplit peu à peu de candidats à rien mais de prétendants à tout. 20 ans que cette fosse à mammouths a englouti la fine fleur de l'avenir politique algérien, à conjuguer dorénavant au passé, bien sûr. De Sifi à Belkhadem, en passant par Redha Malek, Taleb El-Ibrahimi, Benbitour, Hamdani, Hamrouche, Benflis, Boukrouh, Sadi, Aït Ahmed, Ouyahia ou Soltani. Tous ont contribué à faire vivre la politique avant qu'elle ne concasse dans l'indifférence.
Et le plus cocasse est que tous sont persuadés qu'ils ont agi pour le bien du pays.
Entre ceux qui se sont fondus dans la masse, ceux qu'on ne reconnaît plus dans la rue, ceux qui ont démissionné, ceux qu'on a appelés à 'd'autres fonctions" imaginaires, ceux qui sont fatigués et ceux qui ont atteint une saturation de l'image, c'est toute la scène politique algérienne qui s'est vidée de ses principaux talents.
Car il faut avoir du talent et de la persévérance pour résister à 20 ans de broyage systématique, de pression médiatique, de jacasseries militantes, de contradictions idéologiques, et maintenant d'imparables redressements à la carte.
Ces éléphants se sont retirés et ont pris le risque de ne plus être vus, entendus et écoutés. Mais comme le cimetière des éléphants est, selon les zoologues, un mythe créé de toutes pièces, il est fort possible que ce cimetière à l'algérienne ne soit qu'une immense salle d'attente où la limite d'âge n'a aucune importance. D'ailleurs, aucun de nos éléphants n'a écrit de mémoires. Comme quoi, l'histoire n'est jamais finie. n
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