Le ciment se fait rare et plus cher

Le prix du sac de ciment a grimpé depuis près d'un mois, pour atteindre les 450 DA dans le marché informel, et descendre depuis une semaine à 400 DA, contre 320 DA au début de décembre dernier. La raison essentielle évoquée par les différents opérateurs du marché des matériaux de construction sont l'offre qui a considérablement chuté. Cette pénurie, devenue cyclique depuis quelques années, est due apparemment aux différentes opérations de maintenance des équipements de production des trois cimenteries qui alimentent la région Ouest à savoir celles de Zahana, Béni-Saf et Chlef. Comme répercussion directe à ce manque du matériau de base, plusieurs chantiers sont à l'arrêt et notamment ceux des petits particuliers, dont la majorité ne peut s'approvisionner à partir des points de vente de l'EDCO, faute de permis de construire. Ayant eu vent de la dernière mesure prise par le ministère de l'Habitat consistant à contraindre les auto-constructeurs à achever les travaux dans les délais fixés, plusieurs d'entre eux estiment que cette disposition n'a pas pris en considération les pénuries de matériaux de construction. Approchés, plusieurs vendeurs de matériaux de construction estiment que la période actuelle de l'année se caractérise par des pics de consommation, alors que durant le reste de l'année, les cimenteries connaissent des périodes de mévente, d'où la chute des prix à des niveaux raisonnables et se rapprochant du prix officiel du sac de 50 kilos fixé à 280 DA en TTC, en plus des frais de transport et de manutention. Cette rareté favorise le redéploiement des réseaux de spéculation et/ou de contrefaçon aussi bien au plan du dosage des composants du matériau que de la quantité conditionnée. A ce titre, il est à rappeler qu'il y a quelques années, un réseau de fabrication illicite de ciment qui utilisait l'emballage de la cimenterie de Chlef a été mis à nu. Les responsables de cette cimenterie ont alerté les constructeurs sur cette contrefaçon et les risques encourus. L'autre réaction est celle des organismes de contrôle technique des constructions qui ont tiré la sonnette d'alarme sur le fléau qui peut être à l'origine de la fragilité des édifices. Du côté des promoteurs immobiliers qui se sont plus ou moins accommodés à cette pénurie saisonnière, on préfère temporiser en attendant la disponibilité du matériau à des prix raisonnables. Certes, ils restent sous la pression des souscripteurs pour la livraison des logements dans les délais impartis, mais ils estiment qu'acheter le ciment au prix actuel équivaudrait à une autre augmentation du prix de revient du mètre carré à la construction et par conséquent mettre le futur acquéreur au pied du mur. Tout compte fait, un retour à la normale est attendu au cours du prochain mois et la stabilité du marché ne peut être atteinte qu'après le démarrage de la cimenterie privée actuellement en projet dans la wilaya de Mascara.