C'est une des facettes les moins connues de la Guerre de Libération nationale.Celle de l'action humanitaire menée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) grâce à laquelle des milliers de réfugiés algériens et des détenus dans les camps d'internement ont pu bénéficier d'assistance et surtout de protection pour ce qui est des détenus politiques. Ce rôle a été mis en évidence dans le film L'humanitaire au c?ur de la Guerre de libération d'Algérie, réalisé par Saïd Oulmi et projeté avant-hier en avant-première à la salle Ibn Khaldoun à Alger.
Un film documentaire qui s'appuie sur les archives du CICR rendues accessibles cinquante ans après les faits, mais surtout qui donne la parole aux acteurs de l'époque pour témoigner des conditions dans lesquelles le CICR a pu accomplir ses missions en Algérie en pleine guerre de libération. Pierre Gaillard est justement l'un de ces acteurs grâce à qui la Croix-Rouge va effectuer dix missions en Algérie entre 1955 et 1962, en visitant 586 lieux d'internement. Il était le délégué du CICR pendant la guerre et il s'est rendu à plusieurs reprises en Algérie pour s'enquérir de la situation des Algériens.
Tout a commencé par une lettre adressée par le Comité de la Croix-Rouge au président du Conseil, Pierre Mendès-France, au lendemain du déclenchement de la guerre, lui demandant de pouvoir se rendre en Algérie. Le gouvernement français autorise le CICR à effectuer des missions en Algérie, découvrant un peuple livré à la misère, à l'exode et à des conditions de vie intenables, comme le racontent des internés qui témoignent dans le film et qui assurent que l'action du CICR a pu améliorer leurs conditions dans les lieux d'internement, mais surtout alerter sur des cas de disparition. Le film raconte aussi les premières démarches du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) pour faire partie du Comité international de la Croix-Rouge après la création du Croissant-Rouge algérien.
C'est en 1960, lors du congrès de New Delhi, que le GPRA charge Mohamed Bedjaoui de matérialiser cette adhésion. Les témoignages de Rédha Malek, Lamine Bechichi, Abdelkader Gueroudj illustrent le rôle déterminant de la Croix-Rouge dans l'amélioration des conditions de vie dans les camps d'internement, dans la gestion du retour des réfugiés après les Accords d'Evian. Le film met l'accent aussi sur un aspect important dans l'évolution de la philosophie de l'action humanitaire. Historien et membre du CICR, François Bugnion affirme que «l'expérience de la guerre d'Algérie a fait évoluer le droit international humanitaire en permettant notamment l'adoption des protocoles additionnels aux Conventions de Genève en 1977.»
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Posté Le : 14/09/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hacen Ouali
Source : www.elwatan.com