Algérie

«Le chômage fait que les candidats à l'emploi acceptent des conditions de travail précaires»



«Le chômage fait que les candidats à l'emploi acceptent des conditions de travail précaires»
-Une enquête de l'ONS fait ressortir le fait que 42 % des travailleurs déclarent ne pas être affiliés à la sécurité sociale. Quelles sont, selon vous, les raisons qui poussent les entreprises à ne pas déclarer les travailleurs 'Du côté des entreprises, les raisons sont simples : elles sont d'ordre économique. Les entreprises minimisent leurs coûts et c'est leur vocation. On ne peut pas reprocher à une entreprise de ne pas déclarer ses travailleurs lorsque l'environnement institutionnel dans lequel elle évolue permet ce type d'omission. C'est l'Etat qui est défaillant. C'est à l'Etat de veiller à ce que les choses se fassent dans le respect de la réglementation. L'emploi informel, puisque c'est de cela qu'il s'agit, n'est pas un phénomène nouveau chez nous. Il a toujours existé. Sur un plan strictement économique, il convient cependant de noter que c'est l'aggravation du problème du chômage qui crée les conditions qui font que les candidats à l'emploi acceptent les conditions de travail les plus précaires.-Quels sont les conséquences et les risques que fait peser la sous-déclaration des travailleurs sur le fonctionnement de l'entreprise et sur l' équilibre de la sécurité sociale 'L'emploi informel est une composante importante de l'emploi en Algérie. Les chiffres de l'enquête de l'ONS attestent de cette réalité. Dans le secteur privé (BTP et commerce en particulier), l'informalité s'est même érigée et depuis longtemps en règle de fonctionnement. La sous-déclaration n'est qu'une modalité, parmi d'autres, de la configuration «éclatée» du rapport d'emploi chez nous. Loin de constituer un risque sur le fonctionnement de l'entreprise (la sanction légale ne s'appliquant que partiellement ou rarement), la sous-déclaration est perçue au contraire comme un facteur de compétitivité.-Les patrons prétendent que le CDD est un outil pour faire face au travail au noir. Ne pensez-vous pas que la solution réside plutôt dans la création de richesse, de croissance et dans l'aide à l'investissement et à la création d'entreprises 'Les patrons sont dans leur rôle quand ils louent les vertus du CDD. La problématique de l'emploi informel ne se réduit cependant pas seulement à la question de la codification des rapports de travail (CDD, CDI ?). D'une manière générale, on peut dire que l'informel soulève la question de la régulation de l'économie nationale dans son ensemble. Il ne sert par exemple à rien de «rendre» flexibles les rapports de travail si par ailleurs on ne fait rien pour rendre attractif l'investissement productif. Notre économie est confrontée au fameux syndrome hollandais, et la désindustrialisation à laquelle nous assistons depuis plusieurs années n'en est que la douloureuse manifestation.Par-delà son caractère mimétique, le débat sur l'opportunité d'instaurer le CDD ou le CDI ou je ne sais quelle autre formule n'aurait de sens que lorsque la reproduction économique de la société reposera sur le travail productif, et non pas sur la rente d'origine externe. Actuellement, force est d'observer que les comportements de recherche de rente prédominent. Ces comportements, qui sont tout ce qu'il y a de rationnel, sont le fait de tous les acteurs économiques qui, à défaut d'être des centres d'accumulation dans une économie en quête de dynamisme et de performance, sont devenus des centres de captation de la rente. Il en est ainsi des entreprises publiques, du secteur privé national et même du capital étranger quand il prend la forme d'IDE.A mon humble avis, la question que l'on doit se poser est celle de l'avènement d'un nouveau régime de croissance en rupture avec le régime rentier. Or, nous observons qu'en matière de politique économique, la rupture avec les solutions de facilité se fait toujours attendre. Ce qui, il y a plus de trente ans, faisait l'essentiel de l'actualité économique est toujours ? d'actualité : assainissement financier du secteur public, soutien de plus en plus systématique des prix, recrutement pléthorique dans la fonction publique, augmentation des salaires, exonérations d'impôts, dépenses publiques de prestige, etc.Pendant ce temps, les frontières nationales sont outrageusement ouvertes au point que le pays est devenu cet espace où viennent se déverser, dans tous les sens du terme, toutes sortes de marchandises fabriquées ailleurs, le dinar demeure excessivement surévalué en termes réels, ce qui favorise les importations et empêche l'émergence de toute capacité exportatrice nouvelle autre que minière, ?. Bref, le pays peine à trouver un antidote à ce qui s'apparente à une véritable intoxication pétrolière.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)