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Le choix cornélien d'un pouvoir en mal de crédit



Le choix cornélien d'un pouvoir en mal de crédit
Le peuple algérien a, certes, entériné dans sa grande majorité et de façon magistrale son rejet de la politique gouvernementale, mais le pouvoir semble tenté de prendre, de nouveau, option pour la continuité en lieu et place du changement tant espéré par tous.Après avoir reproduit le statu quo au sein de l'Assemblée nationale à la faveur d'une élection législative comme de coutume controversée, le pouvoir en place s'apprête à faire de même avec la composante du gouvernement à un moment où le pays traverse un moment crucial de son histoire et a vraiment besoin de messages forts et de ruptures déchirantes qui lui permettraient de se sortir à moindres frais d'une crise financière qui n'a pas encore montré toutes ses facettes.Il va sans dire que la population, qui a massivement boudé les urnes à l'occasion de ce vote, attend malgré tout des responsables politiques des gestes forts à même de lui redonner confiance en l'avenir. Et si les autorités ont clairement raté une opportunité avec le scrutin législatif de rassurer la population, il leur est donné une chance inouïe avec la formation du nouveau gouvernement de tenter au moins de sauver ce qui peut encore l'être en matière de relation gouvernants-gouvernés. Mais selon toute vraisemblance, ce n'est pas demain la veille que les autorités vont se débarrasser de leur entêtement devenu légendaire et leur sourde oreille face aux véritables préoccupations de la population.En effet, au moment où le peuple algérien a entériné dans sa grande majorité et de façon magistrale son rejet de la politique gouvernementale, soit en boycottant, soit en glissant un bulletin blanc dans l'urne lors du dernier scrutin, le pouvoir semble tenté de prendre, de nouveau, option pour la continuité en lieu et place du changement tant espéré par tous. Plusieurs indices montrent ainsi que l'éclaircie n'est pas pour demain, et ce, à commencer par la reconduction envisagée du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à son poste.Certes, pour le moment, il n'y a rien d'officiel à ce sujet, mais le fait qu'il ait été chargé de mener les consultations pour la formation du nouveau gouvernement constitue un message, on ne peut plus clair, quant aux intentions des plus hautes autorités du pays. Au-delà de l'appréciation que l'on peut émettre quant à la conduite des affaires par le Premier ministre sortant, un changement à ce niveau aurait pu être interprété comme un signal allant dans le sens de la prise en considération du mécontentement général exprimé par le biais du scrutin législatif.Un tel remaniement, qui relèverait, peut-être, à première vue, du domaine de la symbolique, pourrait contribuer à semer un rien d'espoir dans le c?ur d'une population qui observe, impuissante, le bal d'un personnel politique à dater au carbone 14, mais qui s'accroche férocement au pouvoir. Et les informations, quant à la composante de l'équipe gouvernementale, ne sont pas, non plus, de nature à rassurer. Là aussi, on risque d'assister, fort malheureusement, à "un changement dans la continuité" comme on se plaît souvent à le répéter en haut lieu pour qualifier certaines nominations où l'on veille toujours à sauvegarder le moule idéologique dans lequel est fabriqué le système.Il apparaît évident, en effet, de voir la majorité, qui a servi ces vingt dernières années à travers une vraie-fausse alternance FLN-RND d'assises à ce pouvoir, reconduite de nouveau aux affaires, au vu des résultats officiels des élections législatives. Pourtant, ces deux formations ne peuvent se targuer d'une quelconque solide représentation de la population pour prétendre accaparer l'Exécutif de façon majoritaire.Le boycott massif et le taux énorme, voire historique, des bulletins blancs enregistrés à cette occasion ont clairement constitué un affront aux tenants du pouvoir, lequel ne peut, aujourd'hui, ne pas voir cet effritement continu de la confiance avec le peuple. Si on assemblait les scores réalisés par le FLN et le RND, cela ne donnerait qu'un insignifiant 11% du corps électoral. Ce qui, par conséquent, leur dénie, tout au moins sur le plan éthique, le droit de gouverner au nom du peuple. Former un nouveau gouvernement en se basant sur ce duo qui n'a pas réellement démontré une véritable capacité à mener les réformes dont le pays a besoin, c'est faire la sourde oreille au message retentissant émis par la majorité de la population qui s'est exprimée à sa manière le 4 mai dernier. Et ce n'est certainement pas cette hypothétique participation annoncée de quelques formations politiques gravitant autour de "la mangeoire" au prochain gouvernement qui va contribuer à améliorer le coefficient de confiance de la population auprès de ses dirigeants.Le changement tant espéré n'est visiblement pas pour demain et le jeu de chaises musicales que nous offre le pouvoir depuis des années en lieu et place de réelles réformes et alternances a, apparemment, encore de beaux jours devant lui. Il suffit, pourtant, de regarder autour de nous pour voir comment le monde évolue et dans quelle direction. L'élection d'Emmanuel Macron, âgé d'à peine 39 ans, comme président de la France et l'Exécutif qu'il vient de constituer avec en prime la diminution sensible des portefeuilles ministériels à 22 seulement, contre 32 dans le précédent gouvernement, et la désignation de pas moins de onze personnalités issues de la société civile, devraient inspirer nos dirigeants si, réellement, c'est l'intérêt de la nation qui prime pour eux. Hamid SaIdani


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