Algérie

Le choix



Grande oubliée des programmes de réformes, la sphère culturelle est mise en marge d?un développement que le discours officiel affirme vouloir rendre non seulement global, mais durable. Dans un projet aussi grandiose, quelle est pourtant la part consentie à l?édification d?infrastructures pérennes pour le théâtre, le cinéma ou l?édition littéraire ? A cet égard, il ne semble pas y avoir de stratégies conséquentes pour les industries culturelles comme s?il leur était dénié toute interaction sur le terrain économique. Nul n?ignore pourtant que les industries culturelles sont pourvoyeuses d?emplois et génératrices de profit. Il est vrai que ce secteur a été longuement sous assistance de l?Etat-providence qui a marqué un profond recul dès l?irruption de l?économie de marché. Une telle prise de distance pouvait se justifier si elle avait été accompagnée des transitions nécessaires pour mettre en ?uvre des actions productives. Peu de mesures incitatives ont été prises pour attirer les investisseurs vers ce secteur réputé rentable partout ailleurs dans le monde. Combien de salles nouvelles ont-elles été construites au moment où le parc immobilier, qui date de la période coloniale, est entré en déshérence. Le réseau cinématographique est désormais réduit à la portion congrue. Il a fallu la bonne volonté prodigieuse de quelques pionniers pour qu?un orchestre symphonique existe à Alger, alors que peu de grandes communes peuvent se prévaloir d?un conservatoire. Pendant ce temps, nombre de pays du Sud forment des instrumentistes émérites ou des artistes lyriques dont les prestations soulèvent l?enthousiasme des publics d?Europe et d?Amérique. Ces artistes travaillent aussi pour le renom et l?image de leurs pays respectifs. Au nom de quelle indicible incapacité Alger ne peut-elle pas abriter un opéra dans le sens réel de l?appellation, dans lequel se produiraient des solistes algériens qui auraient pris la mesure de la musique universelle ? La culture algérienne, dont il est naturel de défendre l?authenticité, ne peut pas se suffire à un repli sur elle-même pendant que l?option dominante est l?ouverture engagée par le pays à travers l?accord d?association avec l?Union européenne (UE) et les préparatifs d?adhésion à l?Organisation mondiale du commerce (OMC). Est-il possible, dans un tel contexte, de ne lui laisser que le choix de la léthargie ?


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