Le chiffre d'affaires fortement impacté par la crise

"Avec la configuration actuelle, Air Algérie ne pourra plus contribuer à une quelconque formation de la croissance", a déclaré, hier, Mohamed Abdou Bouderbala sur les ondes de la Chaîne 3. Le P-DG de la compagnie nationale est revenu, à l'occasion, sur les ambitions en évoquant le plan de modernisation dans lequel Air Algérie est investie. Dans cette quête de longue haleine, la crise financière est venue mettre son grain de sel faussant, ainsi, tous les calculs. Pour preuve que M. Bouderbala fait parler les chiffres révélant que "la compagnie représente 0,2% dans le PIB national générant 80 milliards de dinars de chiffre d'affaires en 2015 contre 80 milliards de dinars de charges". Cela signifie en clair qu'il n'existe pas de profit et que le déficit a été évité de justesse même si l'orateur se contente d'évoquer "le difficile maintien des équilibres". Il explique : "Le CA commence à être fortement impacté par la crise actuelle avec l'appréciation du dollar dans la mesure où tous les équipements sont payés en devises fortes et donc cela induit fatalement une remontée fulgurante des charges." La participation de l'Etat, quant à elle, reste de mise dans la compensation de certaines destinations en plus des lignes domestiques qui restent ouvertes pour désenclaver notamment les régions du Sud. Sur un autre chapitre,M. Bouderbala a informé sur "l'ouverture d'une école aéronautique d'ici à 2019" et affirme : "Pour le centre de maintenance, il est attendu 2 milliards de dinars de recettes à partir de 2018." Le premier responsable d'Air Algérie a évoqué aussi les retards en mettant en exergue "l'amélioration réalisée" et explique les pannes récurrentes par "des avions soumis à un flux tendu". Tout en reconnaissant un flagrant déficit en matière de communication, M. Bouderbala promettra de procéder à des "corrections". En évoquant la nouvelle vision managériale, M. Bouderbala mettra en avant la logique de l'autonomie adoptée par la compagnie nationale prônant le principe de filiales autonomes. Il parlera alors du recours impératif aux produits annexes qu'il faut valoriser pour générer du profit (catering, le développement du fret cargo, centre de maintenance, ground handling...). En ce sens, Air Algérie a ciblé cinq filiales dont celle du catering qui est déjà opérationnelle et a généré 1,3 milliard de bénéfice en 2015 (8 000 repas/jour). La filiale maintenance est en cours de réalisation et sera opérationnelle à la fin de cette année. Pour ce qui est du cargo, M. Bouderbala a reconnu que "cela ne dépasse pas les 5% du chiffre d'affaires de la compagnie", précisant que la filiale "a eu son registre du commerce et son CA est sur le point d'être mis sur pied et que d'ici à la fin de l'année elle sera en mesure d'offrir des prestations fret cargo à l'ensemble des opérateurs économiques algériens". Toujours est-il que M. Bouderbala croit dur comme fer qu'"il faut absolument revoir la stratégie de développement, à commencer par l'organisation et revoir, inéluctablement, le capital humain" et de poursuivre : "On cherchera des financements où qu'ils se trouvent." La compagnie doit à 95% compter sur ses propres moyens. L'achat d'avions ne se fera plus en cash mais en recourant à l'avenir au leasing. Air Algérie compte aujourd'hui, selon son premier responsable, 9 000 employés dont 1 600 faisant partie du personnel navigant incluant les 430 pilotes répartis sur 57 appareils qui constituent la flotte. Celle-ci sera de 59 aéronefs à fin décembre prochain, date qui correspond la clôture des contrats passés. "Quatre nouveaux appareils devraient être acquis d'ici à 2019 pour assurer des vols long-courriers", a indiqué Mohamed Abdou Bouderbala sans toutefois révéler l'identité du constructeur.Nabila Saïdoun