Algérie

Le chemin le plus court



Le chemin le plus court
L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International vient de lever une partie du voile imposé depuis 1948 sur la réalité palestinienne. Celle que des millions de personnes vivent indistinctement depuis qu'elles ont été spoliées de la terre de leurs ancêtres, d'abord, et de leurs droits, ensuite. Cette organisation n'a abordé que ce que les Israéliens appellent la détention administrative applicable aux seuls Palestiniens et qui n'est, en fin de compte, qu'un symbole de l'arbitraire.
Cette mesure, héritée du mandat britannique, permet d'emprisonner des Palestiniens sans la moindre limite dans le temps et surtout sans procès.
C'est pourquoi Amnesty a appelé Israël à libérer ou à juger de manière impartiale tous les Palestiniens ainsi emprisonnés, ce qui ne serait qu'un v'u pieux car la mesure, ou tout autre loi du même genre, ne peut être levée qu'avec la fin de l'occupation israélienne. «Libérez tous les prisonniers administratifs, à moins qu'ils ne soient rapidement inculpés de délits reconnaissables au niveau international et jugés en accord avec les critères internationaux d'un procès équitable», a déclaré l'ONG dans son rapport sur ce sujet.
Ainsi est libellé le message d'Amnesty avec d'aussi grosses lacunes, sauf, bien entendu, si cela est un choix délibéré de cette organisation qui relève pourtant qu'au moins 308 Palestiniens, notamment 24 membres du Conseil législatif palestinien, des militants des droits de l'homme et des journalistes, étaient emprisonnés fin avril en application de cette loi qui n'est autre que celle de l'occupant. Tous ces détenus le sont selon les propres critères israéliens, qui ne leur reconnaissent pas le statut de prisonniers politiques ainsi considéré à travers le monde.
Donc des opposants, ou plus encore des résistants, refusant leur statut d'occupés ou de dominés qui se battent contre cet ordre qu'Amnesty se garde de considérer comme tel, alors qu'elle le fait en d'autres circonstances. Pourquoi alors le recours à des notions imprécises et déjà récusables comme celle de «délits reconnaissables au niveau international» quand il s'agit de faire face à une terrible machine de guerre encouragée par les atermoiements de pays, voire leur complaisance en déclarant qu'Israël agit en légitime défense ' Rien que cela, alors qu'il prive un peuple de l'ensemble de ses droits.
Pourquoi autant de précautions alors même qu'il y a une réalité, régulièrement décrite et rapportée avec une grande précision par l'ONU, soucieuse elle aussi de préserver les règles de droit '
Et justement, la crainte de l'organisation mondiale est que le rapport occupant-occupé vienne à être occulté. Elle assume encore son rôle de gardienne des mémoires, mais est empêchée d'accomplir ce que sa Charte lui prescrit.
C'est pourquoi le silence d'Amnesty reste troublant, elle qui, depuis sa fondation, n'a pas fait dans la demi-mesure ou la simple partialité. Elle est bien intervenue dans des conflits, y prenant même position par la simple qualification des parties opposées. Elle n'a alors pas échappé à la critique et même à la suspicion, alors que les Palestiniens sont emprisonnés pour leur opposition à l'occupation israélienne.
Toute la question est bien là et il y a une réalité qui doit dicter toute démarche. Une telle question figure en bonne place des négociations palestino-israéliennes quand celles-ci viennent à se tenir.
Une perspective perdue de vue et, là, l'apport d'Amnesty aurait été autre, car appréhendant la question palestinienne dans la réalité qui est la sienne, avec son rapport occupant-occupé et par voie de conséquence le droit des Palestiniens à recourir à tous les moyens, comme le leur reconnaît la communauté internationale, afin de recouvrer leurs droits nationaux. En parler ainsi ce n'est pas seulement combattre l'arbitraire, mais empêcher que celui-ci devienne une politique.




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