Algérie

Le chef, le président et la voix minimum garantie



Parceque l'arrière-pays d'en bas a grandement besoin de s'arrimer à l'Algérie d'en-haut, le pays de nos preux aïeux restera peut-être le seul pays au monde où lepeuple ne prend jamais langue avec ceux chargés de parler en son nom. Et parceque l'art de gouverner n'est rien d'autre que d'anticiper sur la part du prévude l'insondable, la politique sous nos cieux ressemble à tout sauf aux canonsuniversels de la gestion de la chose publique et du destin commun des mortels.C'estl'histoire d'une poignante vérité de Chalachou venu à la politique commed'autres viennent à trouver un sou troué caché sous un paillasson crado. Allantà la politique comme on va à l'école buissonnière, Chalachou apprend à l'enversl'art de conclure des marchés de dupes au pays des grugés. De fabriquer desurnes piégées enveloppées dans des isoloirs fripés. A la maison, autour de latable familiale, Chalachou oublie son plat du jour à expliquer pourquoi lesanges sont blancs, le paradis sans ors ni tentors, la mer sans fonds, l'hommele congénère surnaturel du loup, la capacité métaphysique pour les bipèdes demarcher sur le sable sans laisser de traces, comment changer une équipe quigagne contre une mini-secte qui tire à blanc.Ases enfants, Chalachou raconte comment l'on peut désigner un gouvernementtemporaire pour le permaniser quelques minutes plus tard. Ou comment l'on peutreconnaître le mérite d'une assemblée, privée de la voix minimum garantie. Ouencore par quel «truc» l'on peut amasser de l'oseille tout en se limitant àsimplement bouger son bras. La manière algéro-algérienne de défendre une idéepour mettre en pratique sa copie non conforme. Jusqu'au jour où Chalachou faitla trouvaille sensationnelle que la politique a toujours été un marché publicoù l'épicier du coin commence par mettre la main droite dans la poche arrièregauche de son client avant de l'enterrer vivant dans le sarcophage de sa caissedétroussée.Développementune méchante addiction à la «drogue» de la politique, le fils aîné de Chalachoule chef demande à celui-ci ce que pouvait bien ressembler un président de larépublique. Chalachou fouille dans sa caboche échevelée pour répliquer à sonfils qu'un président de la république remplit le même rôle impossible que sonpapa à la maison en s'occupant à la fois des affaires extérieures, intérieureset celles du juste milieu. Le fils pas convaincu pour un sou, repose une autrequestion pour savoir à quoi pouvait ressembler un chef du gouvernement.Chalachou secoue sa mémoire avachie pour expliquer à son rejeton qu'un chef dugouvernement était un peu comme sa mère qui s'occupe des affaires subalternesde sa maison. Se mettant sur ses ergots, le fils aîné de Chalachou a vouluencore savoir ce qu'il pouvait lui-même représenter dans toute cette histoirepolitico-politicienne lorsque son père Chalachou lui expliqua qu'il était unpeu comme le peuple et son frère cadet un peu comme l'avenir gagé du peuple.Maispar un jour où le soleil refusa de quitter sa cache, le fils aîné de Chalachourentra de l'école et trouva son frère cadet affamé parce que sa mère avaitoublié de le nourrir depuis deux jours. Et le fils aîné de Chalachou d'avoircette prophétique déclamation: papa, mon président, appelle maman mon chef dugouvernement, moi le peuple je vous informe avec solennité que... l'avenir aune faim de loup... L'histoire ne dira pas si Chalachou avait par la suitecessé de causer politique sauf peut-être de se dire que la seule Vérité étaitcelle qui sortait de la bouche des enfants...!


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