Algérie

Le chef des observateurs de l'ue pour les législatives du 10 mai hier à alger 'Notre mission n'est ni un tribunal ni un arbitre"



Le chef des observateurs de l'ue pour les législatives du 10 mai hier à alger                                    'Notre mission n'est ni un tribunal ni un arbitre
Dans son rapport, la Mission constate tout un nombre d'aspects 'positifs" du processus électoral, comme elle relève 'une série d'éléments susceptibles d'être améliorés" lors des consultations à venir.
Le chef de la Mission d'observation électorale de l'Union européenne (UE), José Ignacio Salafranca, s'est livré, hier, à un périlleux exercice d'équilibriste. Comment défendre l'intégrité, la pertinence et le travail de la Mission tout en évitant d'agacer Alger, souvent frileuse aux remarques 'impertinentes" occidentales. Lors de sa présentation du rapport définitif à l'hôtel Sofitel à Alger, le parlementaire européen s'est défendu 'd'être complaisant avec les autorités algériennes". 'Je vous laisse le soin de juger si nous avons été complaisants (...) Mais je rejette absolument l'idée que nous ayons négocié avec les autorités", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse. M. Salafranca qui contenaît, par moments difficilement son agacement, s'est focalisé essentiellement sur le rôle et le travail de la Mission, un travail fait sur la base 'd'une évaluation approfondie, détaillée et impartiale", selon lui. Interrogé pour savoir si les élections ont été régulières et transparentes, M. Salafranca soutient que 'la Mission n'est ni un tribunal ni un arbitre". 'Nous ne sommes pas venus pour juger et donner des leçons", a-t-il dit même s'il prend soin de rappeler que la Mission est venue 'dans un contexte d'amitié".
Les bons et les mauvais points
Dans son rapport, la Mission constate tout un nombre d'aspects 'positifs" du processus électoral, comme elle relève 'une série d'éléments susceptibles d'être améliorés" lors des consultations à venir. Parmi les éléments 'positifs" égrenés par Salafranca figure notamment l'augmentation du nombre de partis politiques et de listes indépendantes (...), l'instauration de mécanismes de contrôle additionnels de l'opération du vote, tels que la Cnsl et la Cnisel ; l'incorporation des urnes transparentes et de l'encre indélébile (...) et l'entrée de 143 femmes députées femmes dans la nouvelles assemblée. 'La Mission se félicite de ce fait et estime que cela constitue un avancement notable", relève Salafranca.
Quant aux éléments appelés à être améliorés, euphémisme à la critique, il y a notamment le système d'enregistrement des électeurs 'qui présente certaine faiblesses structurelles", principalement en raison de l'absence de consolidation national du fichier électoral. 'Dans ces conditions, la Mission constate que le fichier électoral ne peut pas faire l'objet d'un contrôle avéré de la part des partis politiques et candidats indépendants", soutient le parlementaire espagnol.
Il considère également que la transparence des opérations au sein des deux niveaux de commissions électorales pourrait être clairement améliorée. 'Elle pourrait l'être par l'affichage public des résultats au niveau communal (absent dans 36% des commissions observées) et par la remise systématique d'une copie certifiée des résultats aux représentants des partis politiques et des candidats pourtant présents (absent dans 17% des cas observés). Parallèlement, l'absence de publication des résultats détaillés a affaibli la transparence de ce processus électoral, compliquant la lisibilité des sièges attribués qui ont fait alors l'objet de contestation par certains partis politiques et les représentants de la société civile", estime Salafranca.
Enfin, poursuit-il encore, trop peu d'éléments concernant les recours devant le Conseil constitutionnel et ses décisions ont été fournies ou publiées. 'Or, la période de recours s'est achevée avant même que les résultats aient été publiés en détails, affectant alors la transparence du processus", observe-t-il. 'Les élections sont un point de départ et pas un point d'arrivée. Il y a des avancements clairs, mais il y a des éléments qui méritent plus de transparence", a-t-il résumé.
'Nous ne pouvons pas imposer les recommandations." Mais observer seulement 845 bureaux, soit 1,74% du nombre total, confère-t-il au rapport la crédibilité ' 'Nous n'avons pas la prétention de dire que ce que nous avons constaté est général. Ça nous donne une appréciation globale. De notre point de vue, le nombre est assez représentatif", répond Salafranca. À une question sur l'analyse des résultats, le parlementaire européen a relevé que l'électorat du FLN n'a pas beaucoup changé, indiquant que certains facteurs, comme le système électoral, ont conduit aux résultats enregistrés lors du scrutin. Et sur le mémorandum adressé au parlement européen par le RCD, seul parti à avoir boycotté l'élection et exclu des médias publics, pour tirer l'alarme sur les risques d'un rapport de complaisance, Ignacio Salafranca a indiqué que la 'délégation européenne qui a rejoint la Mission (elle a séjourné pendant quelques jours en Algérie et a rencontré beaucoup de partis notamment, ndlr) avait souscrit à la déclaration liminaire du 12 mai".
Dans cette déclaration, la Mission avait relevé que les élections s'étaient déroulées dans le calme en dépit de quelques 'insuffisances". 'Je n'ai pris connaissance de cette lettre que par la presse (...) La délégation qui a rejoint la Mission a souscrit à la déclaration liminaire. La déclaration a été discutée au Parlement européen, avec la représentante aux affaires étrangères. Nous sommes ouverts aux critiques, mais il faut lire le rapport d'abord", a-t-il dit. Quant au retard mis pour la publication du rapport, le parlementaire l'impute plutôt à une question 'd'agenda", étant lui-même appelé à des missions notamment en Amérique latine.
Interrogé, enfin, sur les déclarations de Dahou Ould Kablia qui avait affirmé la veille que, pour les élections locales, les recommandations du rapport ne pourront pas être prises en compte, Ignacio Salafranca a invoqué la souveraineté de l'Etat algérien. 'Nous n'avons pas la vocation de les imposer. L'Algérie est souveraine. Il appartient aux autorités de les considérer. Mais le ministre de l'intérieur m'a assuré que les autorités prendront en considération ces recommandations mises à leur disposition." Selon Salafranca, il n'est pas sûr que les observateurs européens soient présents lors des prochaines élections locales. 'L'UE n'a pas pour habitude d'être présente dans les élections locales. En tout cas, nous n'avons pas reçu d'invitation pour l'instant", a-t-il conclu.
K K


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