En pleine période caniculaire, les actions de protestation se multiplient dans plusieurs régions du pays. Les émeutes d'été ont fait leur apparition chez des citoyens qui ne se suffisent plus du printemps pour crier leur colère. Les observateurs les plus avisés sont surpris par ces explosions en chaîne provenant de la scène sociale que d'aucuns croyaient assoupie et anesthésiée par les fortes chaleurs. Une vitalité de la protestation citoyenne qui sanctionne les débuts cahoteux d'un troisième mandat présidentiel ayant promis, par millions, des emplois et des logements. Pénuries d'eau, coupures d'électricité, routes dégradées, incendies, le quotidien du simple citoyen est devenu une course d'obstacles. L'euphorie de la réélection d'avril dernier aura vécu, laissant place à un profond malaise social qui touche des pans entiers de la population.Les sièges d'APC sont pris d'assaut par des villageois exaspérés, notamment au centre du pays, accablant des élus locaux qui sont en réalité les derniers maillons de la machine à perdre, et à régresser, enclenchée par les gouvernants depuis des décennies. La détresse a atteint un tel niveau que des salariés poussés vers la porte de sortie, comme celà a été signalé ces derniers jours à Bordj Bou Arréridj, ont menacé de se jeter du haut d'un silo si leurs contrats de travail ne sont pas renouvelés. Les mêmes scènes avaient été vécues récemment à Tizi Ouzou, où des recrutements ont très vite débouché sur des licenciements, faisant surgir sur le toit d'un bâtiment administratif des dizaines de jeunes menaçant de se jeter dans le vide.La suppression des crédits à la consommation qui préoccupe l'univers économique et financier national n'est qu'un épiphénomène aux yeux des larges couches de la population. Même la classe moyenne peine à contracter ce type de crédits, vu les taux d'intérêts exorbitants pratiqués par les banques et la série de « produits obligatoires » vendus par les assureurs. Un salarié moyen sait en définitive qu'il n'a pas le droit de s'endetter lourdement pour se payer un rêve à quatre roues, aux dépens de l'équilibre alimentaire de ses enfants. Il est clair que la tentation du gouvernement de régir par ordonnance les habitudes de consommation des citoyens est une aberration. Pendant ce temps, les décideurs n'ont pas manifesté la moindre volonté de réduire le train de vie de l'Etat, dont les représentants prennent allégrement des libertés avec l'argent public. Dans une quête éperdue d'une paix sociale illusoire, le pouvoir a redoublé d'efforts pour brimer les syndicats autonomes et miner l'opposition politique. Il se retrouve face à une société en ébullition, à laquelle il est difficile de se dérober même en prolongeant les congés.
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Posté Le : 05/08/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Djaffar Tamani
Source : www.elwatan.com