Algérie

Le charme du talent



Le charme du talent
Une troisième édition qui entend, dès demain, confirmer ses promesses.Sans tomber dans le sexisme, la création de cette rencontre a su, en trois années, convaincre de sa nécessité. Elle permet de mettre en valeur la contribution des Algériennes au quatrième art et de susciter entre elles une plus grande émulation. Un constat facile nous indique combien nous sommes loin de cette période où les pionniers du théâtre algérien, au début du siècle dernier, devaient choisir parmi les comédiens masculins celui qui endosserait, avec force maquillage et rembourrage de costume, un rôle féminin ! Longtemps, les planches furent désertes de femmes réelles et, par la suite, rares furent celles qui osèrent braver les traditions. Loin aussi des années de cendres où les théâtres avaient été éteints et où, s'en souvient-on encore, une jeune comédienne de Mostaganem fut brûlée vive. Aujourd'hui, elles sont comédiennes, mais aussi metteuses en scène, dramaturges même, plus nombreuses, plus jeunes, plus formées aussi et emplies d'enthousiasme et de détermination.C'est ce que devrait confirmer encore cette troisième édition du festival qui débute demain et s'achèvera le 8 mars en son lieu accoutumé, le théâtre régional Azzedine Medjoubi de Annaba, avec la même maîtresse de cérémonie, la distinguée Sakina Mekiou (à la scène, Sonia), commissaire de la manifestation.Dix pièces seront en compétition. Créées ou produites par des théâtres publics ou des compagnies indépendantes, elles sont issues deAïn Benian, Alger, Annaba, Batna, Constantine, Oran, Oum El Bouaghi et Souk Ahras, certaines villes participant avec deux pièces. L'activité théâtrale s'est créée de nouveaux territoires, accorde désormais un peu plus d'importance à la création féminine. Le programme complet du festival sont disponibles sur le site du ministère de la Culture. Aussi, signalerons-nous surtout la présence de dramaturges, «fonction» qui jusqu'à présent échappait plutôt aux femmes. Parmi les quatre concernées, Randa El Kolli risque d'être une découverte. Elle est l'auteure de la pièce Visions montée par le Théâtre régional de Souk Ahras. Vivant en Algérie, c'est pourtant d'abord à l'étranger que son talent a été remarqué.Elle a publié un recueil de pièces, Comme une Carpe (Apic, 2013) sur lequel nous reviendrons. Citons ses cons?urs présentes à Annaba : Malika Youcef Djemia, auteure de Les Pages de ma vie ; Kenza Talbi, auteure de Bent el Houma et, enfin, Hamida Ghermoul pour Al Kenz al Mafkoud. La plupart des autres pièces sont mises en scènes par des femmes : Chahinez Nagouache, Nabila Brahim, Amel Menghad auxquelles il faut ajouter des comédiennes «reconverties» (momentanément ') telles Rym Takoucht et Lynda Sellam dans la partie off du festival. Avec un riche programme d'animation, le Festival rend cette année hommage à Yasmina Douar, comédienne de théâtre et de cinéma, décédée en 1977 dans un accident de la route, de retour d'une représentation à Arzew. Elle avait 36 ans et son visage émouvant demeure gravé dans la mémoire d'une génération.




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