Algérie

Le chantier à ouvrir!



Le chantier à ouvrir!
Nous relevions hier dans ces mêmes colonnes le fait que nombreux sont les cadres du pays qui choisissent de quitter le pays pour faire valoir leurs compétences et savoir-faire qu'ils n'ont pas eu, sans doute pour diverses raisons, l'opportunité de mettre en exergue en Algérie. Or, ces cadres qui n'ont pas eu la possibilité de s'exprimer dans leur pays, réussissent remarquablement à l'étranger. Y a-t-il là un mystère' Sans doute pas si l'on excipe des conditions qui prévalent en Algérie qui n'incitent pas au dépassement de soi. En effet, comment le citoyen algérien ordinaire, et singulièrement celui «estampillé» «cadre» de la nation peut-il se réaliser alors qu'il est en butte à la cherté de la vie, aux difficultés de se trouver un logement décent, d'assurer son avenir par un travail stable quand l'offre de travail demeure aléatoire avec la généralisation du Contrat de travail à durée déterminée, le fameux «CDD». Tout cela a un impact direct sur la qualité de la vie des Algériens provoquant, en conséquence, le départ vers l'étranger de ceux qui en ont la possibilité ou disposant d'un bagage intellectuel adéquat. De fait, les émeutes pour le travail et/ou le logement, les grèves récurrentes pour l'amélioration du cadre de vie font florès dans un pays qui ne sait toujours pas conjuguer au présent la gestion de ses avoirs et leur répartition équitable pour le bien-être de tous. Les médecins (6000 d'entre eux selon le professeur Achir, ont quitté ces dernières années le pays) et les enseignants - pour citer ces hauts cadres de la nation - se battent depuis des années pour bénéficier d'un salaire en rapport avec leurs fonctions et singulièrement, de leur contribution à la préservation de la santé et l'éducation de la société. Pourtant, le gouvernement leur chicane une augmentation amplement méritée dès lors que ces deux vecteurs (l'enseignement et la santé) participent au développement de la nation. L'Etat qui mesure chichement le salaire octroyé aux travailleurs - malgré l'aisance financière du pays, avec 18.000 DA (180 euros) par mois, le Snmg algérien est l'un des plus bas au monde - est en revanche prodigue lorsqu'il s'agit de dépenses de prestige. Des milliards, en veux-tu, en voilà! D'ailleurs, d'aucuns s'étonnent de la facilité avec laquelle les gestionnaires des biens de l'Etat distribuent et dépensent dinars, dollars ou euros, lorsqu'il est question d'affaires de prestige. En vérité, ce qui perturbe les Algériens est le fait que l'argent existe toujours pour des oeuvres pas indispensables quand - dans le même temps - les gestionnaires du pays vous affirment qu'une augmentation des salaires déstabiliserait les équilibres macro-économiques de l'Etat. Ainsi, l'Etat qui n'hésite pas à ouvrir grand sa bourse pour des oeuvres qui ne sont pas essentielles ou stratégiques dans les conditions actuelles du vécu du pays, éprouverait des embarras à investir dans des secteurs moins glorieux de préservation des outils de travail, ou de réévaluation des salaires de la fonction publique et des cadres de la nation' Dès lors, c'est la gestion même des biens de l'Etat qui suscite l'interrogation. Notamment lorsqu'il est affirmé que le million de logements promis est loin d'être achevé. Ce qui a fait dire au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors de la présentation de son programme devant l'APN que «la crise du logement est la mère des batailles». Mais il n'y a pas que ça, lorsque l'on sait que le taux actuel du Salaire national minimum garanti (Snmg) ne répond plus aux besoins des Algériens. Même l'Ugta estime qu'un Snmg à 35.000 dinars est un... minima. C'est dire! L'exil de nos cadres s'explique en fait par des conditions sociales qui ne leur permettent pas d'asseoir leur avenir dans leur pays. Retenir l'élite nationale au pays, voilà le chantier qui reste à ouvrir en Algérie.


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