Algérie

Le chantage migratoire d'El Gueddafi



Le chantage migratoire, utilisé par le régime libyen, montre à quel point l’Union européenne (UE) compte sur les régimes dictatoriaux des rives de la Méditerranée pour conduire sa politique migratoire.
C’est ainsi que les deux organisations de défense des droits des migrants, Cimade et Migreurop, ont exprimé leur indignation face aux timides réactions de l’Europe à l’égard de la répression armée qui s’abat sur les manifestants en Libye. «Il est aujourd’hui établi que la Libye est un pays-clé du dispositif de blocage des migrants hors des frontières de l’UE, et le régime joue de cette situation pour intimer à l’UE de ne pas soutenir les manifestations», écrit la Cimade dans un communiqué transmis hier à notre rédaction. L’Italie est particulièrement interpelée d’autant que dans le tout dernier accord conclu avec El Gueddafi, il est prévu la construction d’un «mur électronique» à la frontière sud de la Libye. Le marché de 300 000 millions d’euros et a été remporté par une entreprise italienne, Selex, une filiale de Finmeccanica. La Cimade appelle Rome à renoncer à ce qui s’apparente à un silence complice, prétextant ses appréhensions de voir débarquer pas moins de 200 000 à 300 000 migrants sur ses îles. «Aux violations quotidiennes des droits des migrants sur lesquelles l’UE ferme les yeux s’ajoute désormais un silence complice, alors que se met en place un mouvement populaire qui pourrait déstabiliser le régime libyen, son garde-frontière», déplore la Cimade. 
Depuis le début des années 2000, l’Union européenne et ses Etats membres se sont appuyés sur les régimes du sud de la Méditerranée pour externaliser leur politique d’asile et d’immigration, relève pour sa part Migreurop dans un autre communiqué. A son tour, elle exhorte l’UE et les Etats membres à repenser leur politique migratoire avec leurs partenaires dans les échanges entre immigration et pétrole. «Face aux révoltes populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, leurs réactions montrent que la  défense de la démocratie  et la  non-ingérence ne sont que rhétoriques quand il s’agit de réaffirmer les impératifs d’une fermeture des frontières attentatoire aux droits fondamentaux», regrettent les auteurs du document. Pis, l’UE et ses Etats membres souhaitent que les accords de coopération migratoire, signés par les dictatures, soient repris par les nouveaux régimes. C’est cette politique de guerre aux migrants qui a conduit à ce que des milliers de personnes tentant d’échapper aux patrouilles et autres dispositifs militaires meurent en Méditerranée, tandis que des dizaines de milliers d’autres soient enfermées dans des camps en Algérie, en Egypte, en Libye et en Tunisie, ajoutent-ils. Migreurop tient, en outre, à mettre en exergue l’affolement devant l’effondrement de régimes et la «détermination» à ne pas céder au chantage libyen, clairement affichés par de l’Europe. Cette dernière, écrit Migreurop, «par la voix de sa haute représentante aux Affaires étrangères, a dit ne pas vouloir céder au chantage, alors même que les instances européennes continuaient de négocier, il y a moins d’une semaine, la participation libyenne à leur politique de bouclage de l’espace méditerranéen».
Alors que l’ensemble des Etats membres est tenté de s’aligner sur la position italienne qui est de ne pas interférer dans le processus de transition en cours dans le monde arabe, particulièrement en Libye, il est urgent de rappeler que l’UE est face à une situation historique, concluent Migreurop et la Cimade.
 


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