Algérie

Le chantage de Djamel Ould Abbès


Le chantage de Djamel Ould Abbès
Après avoir tourné le dos aux syndicats des praticiens du secteur de la santé et ignoré toutes leurs revendications socioprofessionnelles et même celles liées directement à la prise en charge des malades, à savoir la disponibilité des médicaments, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, n'a pas hésité à ordonner aux dirigeants de la communauté hospitalière à appeler à voter pour cibler les 281 000 employés du secteur.
«Je suis là jusqu'à 2014», leur a-t-il déclaré. La réunion de samedi dernier, qui a regroupé les directeurs des hôpitaux et les DSP à l'hôpital Mustapha Pacha, après bien sûr avoir rassemblé ceux des villes de l'Est et de l'Ouest, est plus qu'une source d'indignation, selon ces responsables. «Voilà à quoi nous sommes réduits, nous les gestionnaires des structures hospitalières publiques. Nous sommes appelés à distribuer des affiches pour la promotion du vote au personnel administratif et médical. Nous avons souhaité avoir plutôt une réunion sur tous les problèmes graves que vivent les hôpitaux en termes de disponibilité du médicament, d'hygiène et de gestion financière qui font défaut», déplorent certains d'entre eux.
L'affiche en question, où est inscrit «J'aime l'Algérie, je vote le 10 mai», porte la photo du joueur Antar Yahia, le héros d'Omdurman, en train de glisser un bulletin dans l'urne. Pour la corporation, l'heure est grave. Ces réunions organisées dans les différentes régions du pays ont suscité de vives réactions des professionnels de la santé et des syndicats. Ils sont unanimes à dire qu'au moment où l'on s'attendait à des décisions courageuses envers le personnel de santé et l'administration sanitaire, on vient «nous parler de vote, un domaine réservé exclusivement au politique».
A travers cette action, M. Ould Abbès veut exercer un chantage sur les administrateurs dont plusieurs d'entre eux sont intérimaires. «Les responsables des wilayas où l'on affiche un bon score de participation seront récompensés», a-t-il promis. Parmi ces wilayas où les directeurs sont intérimaires il y a Annaba, Sétif, Tizi Ouzou, etc. Pour le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), le docteur Yousfi, M. Ould Abbès «a dépassé plusieurs lignes rouges» en déplorant que «de mémoire, nous n'avons jamais eu une situation aussi chaotique du système de santé au point de faire du ministère de la Santé une propriété privée». Pour le président du SNPSSP, l'actuel ministre «a transgressé toutes les lois syndicales malgré les orientations du président de la République et a gravement porté atteinte aux règles d'éthique et de déontologie en interdisant l'accès au ministère de la Santé pour les médecins syndicalistes.
Après tous ces conflits et problèmes, comme si tout allait bien dans le secteur, il trouve le moyen d'instruire l'administration sanitaire pour appeler au vote alors que ceci ne relève pas de ses prérogatives», a relevé le docteur Yousfi. Et de déplorer les résultats catastrophiques sur la prise en charge des malades. Son collègue, le président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et porte-parole de l'Intersyndicale, le docteur Merabet, a rappelé que le rôle du médecin est «de fournir des soins et non pas sensibiliser les malades à aller voter. Les malades algériens ont besoin de soins de qualité, de médicaments et d'une prise en charge efficiente.
La priorité du secteur, aujourd'hui, est de répondre aux revendications socioprofessionnelles du personnel médical dans le cadre d'un dialogue avec les partenaires sociaux». «Le ministre de la Santé doit revenir à l'essentiel et gérer correctement son secteur», a-t-il ajouté. Et de préciser que le secteur de la santé a toujours répondu présent lors d'évènements nationaux tels que les élections.
A noter que deux millions cinq cent mille affiches ont été remises aux responsables sanitaires de la région Centre.


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