Le changement par l'absurde

Selon une enquête, les Tunisiens changent de chaussettes tous les b jours, de chemise tous les 3 jours et de Président tous les 4 ans environ. Pour les Algériens, aucune enquête sérieuse n'est disponible pour le moment, mais on peut au moins observer que s'ils changent de chemise régulièrement, ils ne changent de Président que tous les 20 ans.Ce qui, au niveau de l'hygiène démocratique, n'est pas très bon, selon l'association des médecins de garde du Titteri. A quelques jours d'un scrutin en Tunisie, qui devrait confirmer la relative bonne marche du pays voisin, l'Algérie hésite encore à se donner une autre vision que celle d'une nation autocratique et autocentrée autour d'un totem assis qui commande les nuages et ceux qui sont dessous.Heureusement, par l'intermédiaire de MAB, alias Mohamed Ali Boughazi, le Président vient de promettre, avant-hier, une révision sérieuse de la Constitution dans une lettre lue par son conseiller vocal. On l'avait oubliée, pas le Président ni MAB, mais la Constitution, depuis le temps qu'on en parle comme d'une pluie qui n'arrive pas. Comme à l'école, on révise donc encore pour l'examen, ce qui tendrait à faire croire que l'on n'est toujours pas passé au stade supérieur.Après plusieurs révisions de la Constitution par le même Président, pourquoi pas une nouvelle, ce qui, en écartant sérieusement toute possibilité d'indépendance de la justice ou d'ancrage réel du processus de démocratisation, comme la décentralisation par le renforcement des pouvoirs locaux élus au lieu de la toute-puissance des walis nommés par le haut, donne au moins du travail aux juristes professionnels et permet de faire croire qu'il y a changement. Selon une enquête non officieuse, 75% des Tunisiens pensent que l'Algérie est une dictature à roulettes mais à l'arrêt. Selon une autre enquête, 99% des Algériens pensent que la Tunisie est une piscine au bord de la mer. Mais vide.