Algérie

Le changement inattendu Edito : les autres articles



Le changement inattendu                                    Edito : les autres articles
La victoire de l'islamiste Mohamed Morsy à la présidentielle égyptienne a été saluée, et surtout commentée, de diverses manières certes, mais se rejoignant au bout du compte. Au-delà du geste protocolaire, il y a les attentes ou même les inquiétudes que cela provoque un changement profond. La fin du statu quo. Tout ce qui a été dit n'est pas faux, sauf que l'Egypte a changé depuis le début de la révolte. Celle-ci n'a pas eu pour effet de chasser un président, mais aussi et peut-être même surtout remettre en cause ce qui tenait lieu de vérité. Comme l'accord israélo-égyptien de Camp David. Depuis une année, la question revient avec insistance, l'élément marquant en étant la prise d'assaut de l'ambassade israélienne au Caire.
Les Palestiniens, notamment le mouvement Hamas, sont persuadés que le changement n'est pas à exclure, et tout laisse croire que d'autres partagent cette analyse, et ils ne manquent pas de l'exprimer dans les messages adressés à Mohamed Morsy, sous la forme de souhait, il est vrai, mais tout le monde sait de quoi il s'agit quand ils sont formulés par certains leaders mondiaux. Le porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré qu'«il est essentiel que le nouveau gouvernement continue à faire de l'Egypte un pilier de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région», tandis que le chef de la commission des Affaires étrangères du Sénat US citait M. Morsy, lui disant qu'«il comprenait l'importance des relations de l'Egypte post-révolutionnaire avec l'Amérique et Israël», des propos qui n'ont pas valeur d'engagement.
Il reste que l'idée même de changement souhaité par les uns, mais appréhendé par d'autres, notamment les Israéliens qui ne s'en cachent pas, se retrouve dans les propos du nouveau chef de l'Etat et dans des proportions bien plus grandes qu'on ne pouvait l'imaginer. Il a, bien entendu, annoncé que l'Egypte allait «réviser les accords de Camp David» conclus sous l'égide des Etats-Unis en mars 1979, déclarant même que «nous discuterons des droits des Palestiniens», mais il a aussi introduit un élément susceptible de bouleverser les équilibres dans la région, à travers l'amélioration des relations de son pays avec l'Iran. Lui-même dit que la démarche en direction de l'Iran «créera un équilibre stratégique régional», assurant que cela fait partie de son programme.
Une véritable feuille de route, sauf que M. Morsy ne veut pas en faire une question personnelle en soulignant que «tout cela sera fait par les organes gouvernementaux et le cabinet, car je ne prendrai aucune décision seul». Cela signifierait aussi qu'il ne dispose pas d'une marge de man'uvre conséquente.
Qui l'en empêcherait donc ' Il a bien dénoncé les récentes décisions prises par la hiérarchie militaire de son pays, mais il n'échappe pas déjà aux pressions de ceux qui craignent le changement qui pourrait découler de cette élection, lui suggérant de régler d'abord les problèmes économiques de l'Egypte. Un parcours qui ne s'annonce pas facile.


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