«Les petits ruisseaux font les grandes rivières»
Depuis l’annonce de la participation du Front des Forces Socialistes aux élections législatives du 10 mai prochain, l’espoir renaît.
Mais il faut être lucide, la présence du FFS au prochain Parlement ne changera en rien la donne actuelle. Les prérogatives du Parlement ne permettent pas de changements effectifs même avec une majorité. L’actuelle Constitution concentre en effet l’essentiel des pouvoirs entre les mains du président de la République.
Pourquoi participer, me direz-vous alors ?
Tout d’abord parce que, le destin d’une nation se construit par l’implication et l’engagement de ses citoyen(ne)s. Ensuite, parce que le statu quo politique n’a fait qu’accentuer la résignation et le désespoir du peuple. Enfin, parce que les Algérien(ne)s peuvent relever tous les défis, y compris celui d’un changement de système. Mais à condition d’en définir clairement les objectifs et les étapes.
Aujourd’hui, de par sa crédibilité et sa charge symbolique, le FFS peut être le levier par lequel la société reprendra son destin en main.
Mais soyons réalistes, la construction politique et démocratique d’un pays n’est pas une science exacte. Seuls la volonté et l’engagement de toutes les forces vives de la nation pourront lui donner un sens et une réalité.
Participer à cette élection comporte des risques, mais le FFS a une grande responsabilité : celle de susciter et de mener, partout où c’est possible, des dynamiques sociales et politiques « pour le changement radical et pacifique du système ».
Son échec sera le nôtre, celui de la société et de l’espoir démocratique.
Ainsi, le FFS ne peut pas se suffire d’une participation électoraliste. Il doit avoir l’ambition, celle de toute une nation, d’ouvrir une voie pacifique et citoyenne pour le changement démocratique.
Les militants, les élus et les sympathisants du FFS ont le devoir d’y croire. Ils doivent mener ce combat ensemble, se fixer des objectifs politiques et organisationnels et gagner des batailles.
Parmi ces objectifs, décrocher au moins les 20 sièges de députation qui permettront au FFS de constituer son groupe parlementaire. Ses députés pourront alors jouer leur rôle de contrôle à l’intérieur de l’hémicycle : proposer des lois, interpeller le gouvernement et alerter le peuple algérien sur toute politique qui risque de mener l’Algérie au chaos et/ou vers la perte de sa souveraineté politique et économique.
Autre objectif : faire de cette élection du 10 mai, comme les élections prochaines APC, APW et présidentielles de 2014, une étape de mobilisation pour la construction citoyenne d’une alternative démocratique qui pourra assurer, arbitrer voire imposer une transition pacifique vers l’instauration d’une deuxième République.
Plusieurs obstacles peuvent et doivent être surmontés pour espérer remobiliser la société :
- La perte de confiance et d’espoir,
- La dépolitisation et le discrédit du et de la politique
- La dislocation de la société et la suprématie de l’intérêt personnel sur l’intérêt collectif.
L’action politique des élus au cœur de ce processus
Dans cette conjoncture, le rôle et l’engagement des futurs élus seront déterminants. L’exercice de leur mandat doit être irréprochable sur les plans éthique et pédagogique.
De par leur action, les futurs élus du FFS peuvent contribuer à réhabiliter la politique et réparer l’image ternie par les élus du système et de la mafia. Ils seront tenus de rendre des comptes devant les citoyens et de mettre leur immunité parlementaire au service des luttes pour la citoyenneté et le changement radical du système.
L’action politique des futurs élus, mais aussi les militants, nécessitera beaucoup de créativité politique. Ils doivent être des animateurs permanents et des éveilleurs de consciences résolus pour susciter, partout où c’est possible, des dynamiques sociales pour le changement.
Pour ce faire, en lieu et place des permanences usuelles, les élus pourraient s’investir moralement et matériellement dans la création, l’animation et/ou le parrainage d’espaces de débat pour promouvoir la citoyenneté et le changement.
Ces lieux d’échanges, qui pourraient s’appeler forums ou assemblées permanentes pour la citoyenneté et le changement, auraient notamment pour objectifs :
- d’évaluer et d’informer les citoyens sur leur action politique à l’intérieur et à l’extérieur des institutions,
- de maintenir la mobilisation pour la citoyenneté et le changement en dehors des échéances électorales,
- de redonner du sens politique aux combats des Algérien(ne)s,
- d’encourager des débats sur la construction de l’alternative démocratique et sur la nécessité d’aller vers une deuxième République,
- de débattre de la situation politique (aux niveaux local, national, régional et international) et des enjeux du moment,
- de créer du lien social et de promouvoir la solidarité.
Faire de ces rencontres des rendez-vous permanents avec les populations locales permettra au FFS d’établir des liens politiques et durables avec la société et de faire en sorte que celle-ci renoue avec la politique.
Ces forums ou ces assemblées feront émerger à terme non seulement de nouveaux cadres politiques locaux, régionaux et nationaux, mais également, des candidatures citoyennes pour les élections APW et APC.
La conquête par les Algérien(ne)s des espaces de pouvoir et le combat pour la citoyenneté et le changement doivent être notre souci permanent.
Ce n’est qu’en responsabilisant et en impliquant plus la société dans l’exercice effectif de la citoyenneté et dans la perspective d’accéder à des postes de responsabilité au nom du peuple que nous arriverons à « remettre du mouvement dans le statu quo ».
Cette démarche permettra d’une part à la société de s’organiser pour donner du sens politique à leurs revendications et à leurs combats.
Elle permettra d’autre part aux Algérien(ne)s de reprendre leur destin en main en s’impliquant d’avantage dans des enjeux électoraux en choisissant directement leurs représentants, en étant candidats, et défendant leurs choix.
Le 10 mai prochain, quel que soit le résultat de cette élection, les futurs élus du FFS savent que la construction de l’alternative démocratique s’appuiera lourdement sur leur engagement irréprochable et citoyen, leur abnégation et leur sens de la responsabilité.
Vive l’Algérie !
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Posté Le : 25/03/2012
Posté par : chelifien
Ecrit par : Par Yahia ASSAM
Source : CHLEF