Les pays membres de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) tiendront, demain, un sommet extraordinaire pour examiner l'évolution de la transition au Mali et en Guinée, à la lumière du rapport que présentera le président ghanéen Nana Akufo Ado, qui assure la présidence de l'organisation, de faire le point et de statuer avec ses homologues sur la conduite à observer dans le processus de transition en cours dans les deux pays secoués par un putsch feutré. Le Mali sera au coeur des discussions puisqu'à quelques mois des élections présidentielle et législatives, initialement fixés au 27 février 2022, tout porte à croire que les délais seront repoussés de plusieurs semaines, voire plusieurs mois, compte tenu des réalités objectives auxquelles sont confrontés les dirigeants maliens. Ceux-ci ne cachent pas la complexité de l'enjeu et ont affiché, ces dernières semaines, leur volonté de reporter le scrutin alors que la Cédéao comme l'Union africaine maintiennent l'exigence du respect du calendrier initial. Il en est de même pour la communauté internationale puisque le conseil de sécurité de l'ONU a, lui aussi, insisté sur le respect des délais électoraux et un retour à un pouvoir civil, après les «changements anti constitutionnels» d'août 2020 et mai 2021.Si pour la Guinée où s'est rendue, la semaine dernière, une délégation de la Cédéao, pour une troisième visite depuis le putsch du 5 septembre ayant entraîné la chute du président Alpha Condé, le contexte géopolitique ne semble pas préoccupant, tel n'est pas le cas du Mali, pays sahélien pris dans l'étau du terrorisme qui affecte cruellement la région. D'ailleurs, la délégation qui s'est rendue à Conakry a salué «une «dynamique positive» et constaté «des progrès» pour un «retour à l'ordre constitutionnel».
Si l'adoption d'une charte de transition constitue un volet significatif de ces progrès, elle ne saurait être une condition nécessaire et suffisante pour un pays confronté à des attaques terroristes permanentes et à une insécurité qui conditionne, plus ou moins gravement, la tenue des élections. Il y a six jours, le Niger voisin a vu 69 villageois tués près de la frontière malienne, dans la région de Tillabéri, théâtre permanent d'actions meurtrières des groupes terroristes qui se meuvent à la fois au Niger, au Mali et au Burkina Faso. La veille de cette attaque, une dizaine de civils ont été massacrés et quatre autres enlevés au Burkina, près de la frontière nigérienne, par des terroristes du groupe EIGS. Autant d'attaques répétées, chaque semaine, depuis des années, malgré la présence de plusieurs forces internationales censées apporter leur soutien aux forces armées des pays meurtris, que ce soit la force française Barkhane, la force onusienne, celle du G5 Sahel ou le contingent d'appoint tchadien.
Dans un tel contexte, organiser des scrutins aussi essentiels qu'une présidentielle et des législatives nécessite la mobilisation d'importants moyens militaires pour sécuriser les opérations de vote, d'une part, et l'incontournable adhésion des partis politiques et de la société civile sans lesquels la crédibilité ne peut être garantie. Ce à quoi s'emploie le gouvernement du Mali qui mesure à quel point il est important pour le pays frère et voisin de tenir des engagements à même de répondre réellement aux attentes et aux aspirations du peuple malien, dans ses diverses composantes.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 06/11/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Chaabane BENSACI
Source : www.lexpressiondz.com