Le challenge pour l'opposition

Pour l'ex-chef du gouvernement Ali Benflis il ne fait pas de doute que des changements importants auront lieu dans les prochaines semaines. Sa conviction, il l'a exprimée lors de son intervention à la réunion de l'instance de suivi et de concertation de l'opposition (ISCO) organisée samedi au siège du MSP. Il a déclaré tenir ces certitudes du décryptage des « man?uvres inquiétantes » auxquelles le pouvoir s'est adonné ces derniers temps. La lecture des évènements qui ont récemment marqué l'actualité politique nationale est largement partagée de même que sa prévision qu'il faut s'attendre à des changements auxquels elles ont préparé le terrain. Même le citoyen lambda s'est fait à cette certitude au vu du remaniement gouvernemental auquel il vient d'être procédé et aux chamboulements dont ont été le théâtre les directions nationales des deux principaux appareils politiques du pouvoir, le FLN et le RND. Le tout a été perçu par lui comme des opérations destinées à mettre en ordre de bataille les instruments qui vont être chargés de réaliser le scénario qui a été retenu en prévision d'une succession dont l'échéance ne peut plus être indéfiniment reculée. Benflis et probablement l'ensemble de ses partenaires au sein de l'ISCO comprennent que le pouvoir s'apprête à un coup de force pour cette échéance, ce dont le premier a fait état en déclarant que ce que trame le pouvoir et les décisions qu'il prend ont pour cadre des « circuits informels, loin du cadre constitutionnel approprié ».Il est patent que les semaines ou mois à venir s'annoncent cruciaux pour un pays confronté à une crise nationale s'aggravant et à une fin de règne qui met à rude épreuve sa stabilité et sa cohésion, le tout dans un contexte régional et international lourd de menaces pour sa sécurité nationale. Les participants à la réunion de l'ISCO en ont clairement conscience et semblent déterminés à ne pas rester les spectateurs passifs de la mise en ?uvre par le pouvoir d'un scénario qui n'aurait d'autre but que de se préserver au détriment de la nation. Que faire pour cela ' est la question qui prévaut dans leurs conceptions. Rester unis et faire front contre ce qu'entreprendra le pouvoir est de ce point de vue le minimum qu'ils se doivent de préserver. Tout en essayant d'élargir autant que se peut leurs rangs pour tenter de changer le rapport de force entre pouvoir et opposition. Surtout ils doivent se garder de la tentation d'entrer dans le jeu d'un clan du pouvoir au détriment de l'autre. Les scénarios que l'un ou l'autre veulent suivre pour régler le problèmes de la succession ont pour finalité de pérenniser le système et le pouvoir et non pas leur changement.Il ne faut surtout pas que l'opposition se laisse bercer -et à tous les coups berner- par les promesses que l'un ou l'autre lui feront miroiter. Le camps présidentiel veut conserver le pouvoir. Celui qui semble vouloir faire obstacle à son ambition n'est pas moins animé par celle de le récupérer à son profit sans nulle intention d'y associer les forces qui revendiquent une transition démocratique vouée à mettre en place les conditions d'un changement en rupture avec le système. Le challenge pour l'opposition consiste à ne pas, sous prétexte de montrer son « pragmatisme » et sa maturité, se laisser entraîner à s'impliquer dans les rivalités qui font s'opposer les clans du pouvoir. Mais au contraire continuer à prôner haut et fort que de ces clans qui ont asservi l'Etat et les institutions il n'y a plus rien à attendre de bon pour le pays. Toute autre position de la part de cette opposition n'apparaîtrait que comme une compromission qui la discréditera irrévocablement.