Algérie

Le challenge du terrain



L?émeute est devenue un phénomène récurrent dans nombre de villes algériennes. C?était le cas à Bou Saâda où des scènes de destruction ont sanctionné l?annonce par les instances sportives de la relégation du club local en division inférieure. Il y a quelques mois, la wilaya de Bordj Bou Arréridj avait été le théâtre d?actes de violence pour des raisons également liées à un match de football. Le sport réputé roi en Algérie déchaîne des passions dont les effets peuvent être incontrôlables. C?est la faillite d?une pédagogie, voire d?une culture sportive, parfaitement absente au moment où il faut expliquer aux supporters qu?une équipe ne meurt pas parce qu?elle est rétrogradée au palier inférieur. Les supporters du club italien, la Juventus de Turin, ne s?en sont pas pris aux édifices publics de leur ville après que leur équipe eut été reléguée par mesure administrative. Cela n?aurait rien changé à la décision des autorités qui ne pouvaient pas se déjuger publiquement. Les débordements dont les supporters se seraient rendus responsables n?auraient rien eu de commun avec le football. En fait, il y a une réalité plus prosaïque : la relégation fait partie de la règle du jeu et pour paraphraser une sentence algérienne, « l?année est longue pour qui veut gagner ». Basculer dans le déchaînement sous prétexte d?un match perdu, ou parce que son nom ne figure pas sur une liste d?attributaires de logements, c?est anticiper des recours toujours possibles. Car ce qui ne peut pas être exclu est que des colères citoyennes puissent être justifiées et provoquées par un sentiment d?injustice. Auquel cas est-ce la solution que de s?en prendre aux biens de toute la collectivité en fragilisant davantage encore un lien social déjà bien ténu. C?est le déficit de communication, l?opacité de certaines prises de décisions qui poussent à changer la nature du dialogue social en l?adossant au cycle violence-répression étant entendu que force reste à la loi au final. Ces séquences de violence, liées au problèmes du logement ou à ceux du sport, auraient été traitées différemment s?il y avait des structures de médiation et même d?arbitrage qui pourraient être l?apanage de la société civile. A défaut de tels cadres, tout protestataire est porté à croire que sa protestation ne peut être entendue que dans la rue où elle prend un caractère spectaculaire dès lors qu?elle est médiatisée. Cela peut entraîner des solutions qui créent par ailleurs d?autres vrais problèmes. Ce sont toujours les mécanismes démocratiques qui font la part des choses et les citoyens ordinaires ont suffisamment de perspicacité pour savoir si des logements sont attribués sur la base de critères pertinents. Pour autant, il ne faut pas généraliser les excès à toutes les commissions d?attribution, tout comme il convient d?observer que ces manifestations de colère restent sporadiques et tout aurait été pour le mieux à Bou Saâda si le club de cette ville s?était maintenu dans sa division. C?est évidemment un coup du sort, mais il appartient aux grands clubs, et celui de Bou Saâda en est certainement un, de démontrer qu?ils ne meurent pas. Et en cela, il ne faut pas s?éloigner du challenge sportif.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)