La maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou a, en étroite collaboration avec l'entreprise EMEV, organisé, l'après-midi de samedi dernier, un café littéraire. Deux écrivaines, Leila Hammoutène et Amel El Mahdi ont présenté et débattu leurs dernières œuvres, respectivement « Le Châle de Zineb »(Casbah éditions) et « Tinhinan ma reine ». Passionnant et exaltant. L'assistance a pu suivre les deux écrivaines mettant en exergue le rôle de la femme dans la résistance contre les oppresseurs et envahisseurs. Une résistance qui remonte à loin. Au IIIe siècle exactement avec cette reine des Touareg. Guerrière et farouche défenderesse de la dignité d'un peuple comme avait tenu à le préciser M. El Mahdi. Abordant la première les débats, Mme Leila Hammoutène a tenu à préciser qu'elle n'était nullement dans son rôle d'historienne, mais d'écrivaine. Elle dit avoir effectué des recherches approfondies pour romancer des faits historiques. « A travers mon roman, je voulais épaissir ces personnages historiques qui ont marqué et jalonné notre histoire, notamment celle qui court de la colonisation à nos jours en les présentant sous toutes leurs coutures et non en se contentant de leurs faits de guerre ou de résistance. Mais de leur vécu réel ». En fait, les recherches de Mme Hammoutène ont porté de la période coloniale à nos jours à travers la vie et les faits vrais d'une saga de femmes qui ont vécu les pires atrocités du colonialisme et du terrorisme « deux parents proches qui nous sont venus d'ailleurs mais qui ont la même essence, à savoir la violence et la privation de liberté et de tolérance ». A travers la matriarche Zineb, fille de l'un des Bensalem, un des compagnons de l'Emir Abdelkader dans sa lutte contre le colonialisme, et toute sa descendance féminine que sont les autres femmes de cette saga (Hafsa, Warda, Khadidja, Yamma, Mériem, Fatma et Sara qui avait 18 ans en 2012), Leila Hammoutène, en égrenant les quatre saisons de leur vécu, a montré, avec force, les épreuves endurées par ces femmes et la résistance des populations rurales. Et durant toute la période coloniale et cette période noire traversée par le peuple avec ces années de braise du terrorisme. « A travers cette saga, j'ai pour ainsi dire comparé le peuple algérien à Orphée, ce personnage de la mythologie grecque qui avait traversé les chemins escarpés et la succession de fleuves dans sa descente aux enfers pour ramener à la vie et à la lumière son épouse bien-aimée, Eurydice, qui avait été terrassée par la morsure d'un serpent venimeux » dira l'écrivaine. « Romancer l'histoire ce n'est pas la déformer et la travestir quelque peu ' » « L'histoire est une affaire d'historiens mais rien n'empêche un écrivain de la romancer selon son imaginaire tout en tenant compte des faits mais en habillant les personnages de cet imaginaire justement » nous répond-elle. Tout en regrettant l'absence d'étudiants et de lycéens dans la salle, elle a indiqué qu'elle approfondirait ses recherches sur la période turque en Algérie « pour mettre à jour certaines héroïnes anonymes qui avaient résisté à cet autre envahisseur venu accaparer les richesses de l'Algérie au même titre que tous les autres envahisseurs qui ont marqué l'histoire du pays ». « C'est en me rendant à son mausolée d'Abelessa que j'ai rencontré ce fascinant personnage qu'est la reine Tinhinane avec cette question : qui était-elle et comment était-elle pour avoir traversé des siècles d'histoire ' J'étais si passionnée par cette femme que, dans ma quête d'en savoir un peu plus, j'ai parcouru ces milliers de kilomètres qu'elle avait traversés dans sa pérégrination en fuyant son Sud marocain natal pour s'implanter dans le Hoggar » affirme Mme El Mahdi, reconnaissant ainsi qu'elle a été très marquée par le personnage de Tinhinane. Dans sa quête, l'auteure refuse de jouer le rôle d'un historien ou d'un archéologue pour donner vie à ce personnage. « J'ai juste voulu, dans mon imaginaire, offrir aux lecteurs de ce roman une part du vécu de cette reine des Touareg tel que décrit par de nombreux écrits comme ceux de certains militaires français de passage dans la région ou encore du Père Charles De Foucauld ». Tout comme Leila Hammoutène, Amel El Mahdi, qui est mathématicienne de formation, regrette que nos jeunes lisent de moins en moins ou pas du tout.
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Posté Le : 25/01/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rachid Hammoutène
Source : www.horizons-dz.com