Algérie

Le chaînon manquant



Le chaînon manquant
Malgré la crise financière, les projets sont toujours actifsRien ne justifie le retard dans la mise en oeuvre effective du PPP, surtout en cette période où la relance des projets gelés en raison de la baisse des revenus pétroliers, est une priorité vitale permettant la relance de la croissance économique.
D'importants projets à forte rentabilité économique pourraient être réalisés dans le cadre du partenariat public-privé (PPP). Des propositions très intéressantes sont faites par les partenaires étrangers aux entreprises publiques, mais qui ne peuvent, malheureusement pas, dépasser le stade de discussions en raison de l'absence d'un ancrage juridique. Et pourtant, le PPP est une démarche initiée par le gouvernement depuis au moins trois ans maintenant. Le recours à cette autre forme de financement des projets s'est imposée de fait avec l'installation dans la durée de la crise financière. D'ailleurs, l'année dernière, le ministre des Travaux et des Transports publics de l'époque, avait annoncé que des projets à fort potentiel économique, à l'exemple de l'autoroute des Hauts-Plateaux, pourraient s'en trouver relancés grâce au partenariat public-privé (PPP). Il avait cité l'exemple du port Centre, destiné à devenir la plus grande infrastructure maritime en Afrique et en Méditerranée, comme premier projet à faire l'objet d'un financement extérieur. En évoquant le grand hub maritime de Cherchell d'un montant global de 3,3 milliards de dollars, le ministre avait expliqué qu'il sera réalisé par un groupement constitué par des entreprises algériennes relevant du groupe Serport et chinoises (China state construction corporation) et Chec (China harbour engineering company). Un joint-venture qui se partagera sur la base des 51/49% et le financement du projet est assuré par la Chine à travers des crédits à long terme.
La réalisation de ce grand port est l'exemple idoine montrant l'importance de recourir à ce genre de financement. Cependant, il semble que les plus hautes autorités du pays et après avoir pris conscience de l'importance de recourir au PPP, sont entrés dans une espèce de grande léthargie. Sinon, comment expliquer que les textes juridiques de ce mode de financement restent en souffrance pendant trois ans' Rien ne justifie le retard dans la mise en oeuvre effective du PPP, surtout en cette période où la relance des projets gelés en raison de la baisse des revenus pétroliers, est une priorité vitale permettant la relance de la croissance économique qui, à son tour, créera plus de richesses et générera plus de revenus. Hier, sur les ondes de la Chaîne 3, Omar Hadbi, président-directeur général de l'Entreprise du métro d'Alger, a reconnu que le retard enregistré dans la publication des textes juridiques relatifs au partenariat public-privé faisait perdre à l'Algérie des propositions très intéressantes pour la relance d'importants projets dans le domaine des transports. «On perd du temps puisqu'il y a des offres intéressantes qui nous parviennent de l'étranger. On négocie jusqu'à un certain point, mais les ancrages juridiques n'existent pas», a déclaré Hadbi, non sans rappeler que la forme de PPP «existe au Moyen-Orient, en Europe et ailleurs et a apporté ses fruits». Vulgarisant le mode de fonctionnement du PPP, ce responsable explique que celui-ci offre la possibilité d'«un partenariat avec un grand groupe industriel qui prend à sa charge le coût de l'investissement et l'exploitation durant une période de 20 à 30 ans. C'est une forme de concession où l'Etat aura à payer un forfait mensuel pour que le projet devienne en fin de parcours sa propriété». Il a, de nouveau, fait savoir que «beaucoup de partenaires étrangers ont exprimé leur intérêt pour ce mode de financement dont les Coréens du Sud, les Chinois, les Allemands et les Français», soulignant que même s'il y a «des risques à prendre, la formule permet de continuer la dynamique de travaux.» Et à titre d'exemple, Hadbi cite les propositions faites par des partenaires étrangers pour la création «d'un métro aérien le long de la rocade sud qui irait du stade de Baraki jusqu'à Ben Aknoun et éventuellement jusqu'à Zéralda, un projet par viaduc aérien».
Ce projet «est autant intéressant parce qu'il nous a été proposé en PPP» a appuyé Hadbi. Il y a lieu de rappeler qu'en février dernier, lors de la tenue d'un colloque international sur le partenariat public-privé, organisé par l'Institut supérieur de gestion et de planification (Isgp), des experts ont appelé à la mise en place de dispositions légales et réglementaires adaptées nécessaires pour le développement du PPP. Les participants à ce colloque qui regrettaient le retard accusé dans la mise en place de ce partenariat en Algérie, avaient proposé la création d'un guichet unique chargé «de donner des autorisations aux partenaires». Mais l'appel des experts ne semble pas avoir eu d'écho. Et le cadre juridique de ce mode de financement semble être renvoyé aux calendes grecques.


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