Algérie

Le chahid Douzi Mohamed dit M'hamed : un exemple de courage Histoire : les autres articles



Le chahid Douzi Mohamed dit M'hamed : un exemple de courage                                    Histoire : les autres articles
Le chahid Douzi Mohamed est issu d'une famille établie à Bordj El Kiffan (Fort de l'Eau) composée de ses parents et quatre frères et six s'urs.
Il a été le premier et le plus jeune chahid de la famille. Comme lui, deux cousins proches ont fait le sacrifice suprême pour que vive l'Algérie. Il appartenait à un quartier exemplaire qui a donné à la commune le tiers de ses chouhada. A l'âge de six ans, il quitte les bancs de l'école après la réquisition des établissements scolaires par les alliés en 1942, et se met aussitôt à la recherche d'un travail pour aider son père. Il considérait, en dépit de son jeune âge, le moindre de ses devoirs ! C'est ainsi que tour à tour, il sera commissionnaire à 11 ans, ouvrier agricole à 13 ans, garçon de café à 16 ans, puis ouvrier spécialisé à la BGA de Maison Carrée à 18 ans. Il fut remarqué pour son sérieux et son efficacité et était hautement apprécié.
Son entrée dans le monde du travail, dans le monde des adultes va aiguiser son sens des responsabilités, son goût du secret, son engagement patriotique et sa maturité politique. En 1948 déjà, il s'était engagé comme volontaire pour aller combattre en Palestine. Il fut arrêté avec ses compagnons à la frontière algéro-libyenne et incarcéré. Il a adhéré naturellement au PPA/MTLD et vendait au péril de sa vie le journal du parti Algérie Libre, il était assidu aux meetings organisés par ce parti et vouait une profonde admiration à l'égard de ses responsables. Il adhéra enfin au FLN et assuma ses activités militantes avec passion et dévouement. Il gagna vite la confiance de ses responsables qui le chargèrent d'une mission, celle de collecter des fonds, tout en parachevant sa formation.
En octobre 1956, il dut se réfugier pendant quelques semaines auprès d'une famille de militants de Maison Carrée, après la découverte par l'ennemi de l'hôpital clandestin de Fort de l'Eau. Et au début de l'année 1957, il sera nommé commissaire politique, succédant ainsi au moudjahid Bensalah Mohamed dit Akacha, qui avait rejoint le maquis et qui est tombé au champ d'honneur les armes à la main, en janvier 1958, lors d'un accrochage au niveau de la ferme Bouchkir à Sidi M'hamed, Fort de l'Eau. Il fut nommé à ce poste important par le chef de région Si Rachid de Maison Carrée, dit Polo. En tant que commissaire politique, il activait au niveau du secteur 3, sous-secteur 1, Zone 1 de la Wilaya IV (région Fort de l'Eau, Maison Carrée). Il fut arrêté une première fois pendant la bataille d'Alger et la grève des huit jours et confié aux hommes du lieutenant Mercier.
Torturé pendant un mois environ au niveau de la sinistre villa Dar el Alia de Fort de l'Eau, où de nombreux nationalistes y ont perdu la vie dans des conditions atroces, il fit montre d'un admirable courage et ne révéla aucune information à l'ennemi. Libéré au printemps 1957, après trois mois de torture et de détention, il décida de fonder une famille en juillet 1957. Il fut arrêté une seconde fois en octobre 1957 et emprisonné à la ferme Barnabé de Fondouk (Khemis El Khechna) où sévissait le sanguinaire capitaine Gilbert, responsable des interrogatoires.
Pendant trois mois, le chahid et de nombreux compagnons de cellule subiront les pires supplices dans le but de leur arracher des révélations pour décimer l'organisation FLN. Ses frères de combat, soumis à la torture et à la pression du chantage et de la confrontation, connaîtront des sorts différents. Certains seront transférés dans d'autres lieux de détention jusqu'au cessez-le-feu, d'autres seront maintenus au centre de tri de Bouguebrine (ferme Torrès) de Khemis El Khechna. Douzi Ahmed, frère du chahid, fut également détenu au sein de ce centre à la même période (novembre 1957). Dissimulant leur lien de parenté, les deux frères se résoudront, en dépassant leur pudeur réciproque, à l'occasion de leurs sorties quotidiennes (vers les toilettes) pour se faire menotter ensemble et pouvoir ainsi échanger quelques mots et se concerter brièvement.
Au début de l'année 1958, le chahid se trouvait toujours au centre de tri de Bouguebrine et continuellement soumis au même traitement. A la même période, son responsable régional, Si Rachid, fut blessé au combat et capturé. Soigné d'abord, puis sauvagement torturé, ses bourreaux arracheront de l'homme affaibli le nom de ses adjoints, dont le chahid Douzi. Leur confrontation directe a fini par convaincre l'ennemi qu'il détenait enfin les jeunes rebelles qu'il cherchait. Sur ces entrefaits, un événement s'est produit qui aggravera singulièrement les conditions de détention au sein du centre de tri, à savoir la tentative d'évasion d'un petit groupe de militants qui furent tous abattus. Il s'agit des chouhada : Ouazzou Mohamed, Bouazza Nouredine et Baba Khouya. Depuis lors, un traitement très spécial a été réservé aux militants incarcérés qui furent transférés à la ferme Haouche El Khechba et confiés au sinistre tortionnaire, le lieutenant Mazini d'origine italienne, et qui aurait servi au sein de la gestapo.
L'acharnement de ses hommes contre ce noyau de responsables nationalistes, dont le chahid, n'eut plus de répit ni de limite. Certains survivants qui seront marqués à vie, comme Ouazou Ahmed, cousin du chahid et actuellement responsable des moudjahidine de Bordj El Kiffan, ou Omar Atba, ami intime du chahid et présentement responsable de la kasma des moudjahidine d'El Harrach. D'autres comme le chahid Douzi seront froidement achevés après avoir été sauvagement torturés, conformément à l'«exécution sans jugement» des nationalistes. C'est dans la nuit du 17 mai 1958 que le chahid fut sorti de sa cellule pour être sommairement exécuté, à l'instar d'autres militants abattus la même nuit. En quittant sa cellule pour aller comme d'autres compagnons vers un glorieux destin, le chahid Douzi fut accompagné encore et conforté par son jeune cousin Ouazzène Ahmed, qui lui rappelait qu'il allait mourir en homme pour son pays.
Le chahid Douzi Mohamed avait à peine 26 ans ! Il laissa une veuve âgée de 17 ans avec laquelle il n'a vécu que trois mois. Ils n'eurent pas d'enfant. Il fut enterré le lendemain sous surveillance militaire au cimetière de Ben Ouadhah de Khemis El Khechna, en même temps que d'autres chouhada par quelques volontaires et l'oukil du cimetière, qui fournira plus tard à la famille quelques précisions ! Allah Yerham Echouhada ! Gloire à nos martyrs. Ils ont consenti le sacrifice suprême pour reconquérir la souveraineté de leur pays. A eux notre reconnaissance et notre considération éternelles.


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