Algérie

Le chagrin



Le chagrin
Dimanche 9 mars. Sidi Bel Abbès. A 14h et 17h. «C'est la pire merde que j'aie jamais tournée.» Ce ne sont ni les mots du chef op' ni ceux des acteurs James Stewart et Richard Widmark, mais bien ceux du réalisateur «himself», John Ford. Inutile de le présenter, c'est certainement le plus grand et le plus bourru aussi.Inutile de lister sa filmographie, plus de 200 films à son actif, dont des classiques tels que La Prisonnière du désert ou Rio Grande. Inutile de raconter l'histoire des Deux cavaliers. Toujours le décor de Monument Valley, des personnages blessés par la vie, mais au c?ur gros comme ça et une quête vers l'impossible. Par contre, insister sur le syndrome Dr Jekyll et M. Hyde qui fit de Ford, dans les dernières années de sa vie, un cinéaste totalement contradictoire. Fini l'Amérique, terre d'accueil, fini la droiture, le patriotisme à deux balles, place aux règlements de comptes, à la prise de recul et surtout à la vérité dérangeante. Ici, deux personnages, un militaire idéaliste et un sheriff nihiliste et alcoolique. Deux visages qui sont ceux de Ford lui-même. Et au final, vous obtenez un film d'une noirceur totale. Complètement déchanté, déjanté et déclassé. Les mots de John Ford sont durs, certes, mais ils sont empreints d'une réalité bien de chez nous et qui ne s'est jamais modifiée. Cette vision d'une société où le bonheur est toujours là, mais paradoxalement abstraite. Alors on espère et on pleure. Oui, Les Deux cavaliers est un film qui pleure ! A la Cinémathèque.




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