«Le cessez-le-feu ne règle pas le problème politique en Libye»

À la surprise générale, au moment où personne ne s'y attendait, un cessez-le-feu immédiat a été annoncé séparément vendredi par le Gouvernement d'union nationale libyen, GNA, et le Parlement de l'EST. Est-ce la fin du conflit armé en Libye ' Cet accord a-t-il des chances d'aboutir contrairement aux accords passés 'Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les deux parties annonciatrices du cessez-le-feu ont appelé à un arrêt immédiat de tous les combats sur tout le territoire libyen. L'annonce a été accueillie favorablement par la communauté internationale. Seulement, plusieurs questions se posent autour de cet accord. Sera-t-il durable ' Aboutira-t-il à une solution politique en Libye, et ne sera-t-il pas sanctionné par un échec comme tous les accords précédents ' Pour Djallil Lounnas, professeur en relations internationales et expert de la sécurité régionale au Sahel, « la nouvelle annonce d'un cessez-le-feu semble être plus crédible que les précédentes, dans la mesure où elle confirme un état de fait depuis début juillet, après les succès du GNA face aux forces de Khalifa Haftar, elle est faite par les deux parties et reçoit un soutien très large des partenaires des deux camps.
Cette annonce respecte la ligne rouge tracée par l'Egypte (Syrte, Jufra), et en même temps sauve Haftar. Cela permet également à la Turquie de sortir renforcée puisque le GNA est désormais sauvé ainsi que, de ce fait, l'accord sur l'accès aux énergies et bases militaires qu'Ankara a signé avec Tripoli », a expliqué Djallil Lounnas dans une déclaration au Soir d'Algérie. Pour lui, la grande question qui se pose désormais est l'avenir politique du pays. « Le texte est totalement muet là-dessus. Il prévoit, certes, des élections, mais ne donne aucun détail et aucune précision. De ce fait, on ne sait encore rien sur la future structure politique de la Libye », a-t-il soutenu. Pour appuyer ses dires, notre interlocuteur rappelle que tous les accords précédents parlent d'élections mais elles ne seront jamais organisées, estimant qu'il serait toujours difficile d'organiser des élections dans les conditions actuelles.
Notre interlocuteur s'interroge également sur l'avenir de Khalifa Haftar après l'annonce du cessez-le-feu. Et de noter que l'accord a été annoncé non pas par Haftar, mais par le président du Parlement de l'Est, Aguila Saleh. Ce qui fait croire à notre interlocuteur que Haftar pourrait avoir choisi un retrait « pour l'instant. Est-ce révélateur d'un changement du rapport de force à l'Est, où s'agit-il plutôt d'une simple figuration ' C'est important de le savoir, car beaucoup parlent d'une mise à l'écart de Haftar décrédibilisé par les défaites de l'ANL », estime Djallil Lounnas. Pour lui, l'accord gèle le conflit armé mais ne règle pas le problème politique. « Il permettra au GNA de se renforcer à l'Ouest et à l'ANL de se réorganiser. L'avenir reste donc incertain et on ne peut pas exclure une division durable du fait que la Libye est tombée entre deux entités politiques différentes», a-t-il soutenu.
À souligner que l'accord a été salué par la communauté internationale et plusieurs pays de la région et du monde.
K. A.