Parmi les cervidés qui ont vécu en Afrique, le cerf de Berbérie est le seul dont on puisse affirmer la survivance jusqu’à nos jours.
Endémique à l’Afrique du Nord, son aire de répartition géographique s’étendait pendant la période historique de l’Algérois à la Tunisie, y compris la côte méditerranéenne jusqu’à l’Atlas saharien. Vers 1740, l’espèce vivait encore aux environs de Skikda ainsi que dans les forêts de l’Edough au-dessus de Annaba, où pendant longtemps on découvrait ses bois enfouis dans l’Humus. Caractère remarquable dénotant la plasticité de l’espèce, son aire s’étendait jusqu’au sud de Tébessa. En 1918, le dernier cerf fut tué dans le massif de Bou-Djellal au nord de Djebel Onk (sud-ouest de Tébessa). Le cerf de Berbérie est classé par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) au tableau C de la Convention africaine de 1969. Il figure aussi sur l’annexe III de la Convention internationale des espèces animales et végétales non commercialisées (CITES). En Algérie et en 1983, le cerf de Berbérie a bénéficié d’une protection totale par le biais du décret 83-509 du 20 août 1983, relatif aux espèces animales non domestiques protégées. L’ordonnance n°06-05 du 15 juillet 2006 relative à la protection et à la préservation de certaines espèces animales menacées de disparition cite le cerf de Berbérie espèce menacée de disparition, dont l’existence en tant qu’espèce subit une atteinte importante entraînant un risque avéré d’extinction et qui, de ce fait, fait l’objet de mesures de protection et de préservation particulière. Les variations climatiques, une chasse excessive dans l’antiquité, l’exploitation et le défrichement abusif de forêts ont conduit à une régression alarmante de la population de cette espèce et l’ont amené au bord de l’extinction. Actuellement, l’espèce est localisée dans une étroite bande à l’extrême est algérien. Elle couvre la réserve de Beni Salah (Guelma), El Kala et dans une moindre mesure Souk Ahras, se déployant légèrement sur le territoire tunisien. La réserve de Beni Salah (Guelma) est une aire clôturée sur 2000 ha. Elle est située au nord-est de l’Algérie (à l’est de la daïra de Bouchegouf), elle est incluse dans la forêt domaniale des Beni Salah. C’est l’un des plus vastes massifs forestiers algériens. Elle constitue l’élément la plus occidentale étendue de chêne-liège et de chêne zen développés sur les formations gréseuses à l’ouest de la Seybouse et jusqu’aux monts de la Medjerda en Tunisie. Le parc national d’El Kala, dans la wilaya d’El Tarf, reste le dernier refuge du cerf de Berbérie au nord. Les plus importants effectifs ont été dénombrés dans les régions d’El Ayoune, Aïn El Assel, et Oum Ali dans les massifs forestiers de chêne-liège et de zen. Sa limite ouest semble être à l’heure actuelle Djebel El Koursi près de Cap Rosa. A l’ouest du parc, le cerf est signalé dans la région de Asfour, à Djebel Bou Abed, dans la région d’El Tarf. La région de Souk Ahras semble être à l’heure actuelle la limite sud du cerf de Berbérie. Il est signalé dans les massifs de Ouled Bechih et Aïn Zana. Leurs statuts demeurent inconnus. Il semble que les cerfs de Ouled Bechih proviennent de la forêt de Beni Salah et de ceux de Aïn Zana de la réserve de Feija en Tunisie. La présence du cerf en Algérie est étroitement liée à l’habitat forestier où il trouve quiétude et protection. Ainsi, les maquis et les forêts de chêne zen et chêne-liège lui procurent gagnage et remise. Il descend quelquefois en plaine pour chercher sa nourriture lorsque celle-ci se fait rare. La conservation du cerf de Berbérie en dehors de son habitat naturel (conservation ex situ) constitue la première démarche à accomplir pour sauvegarder le cerf de Berbérie. Dans d’autres pays, ce type de mesure a déjà permis dans des situations d’extrême urgence d’éviter la disparition d’espèce. La conservation ex situ représente un impératif catégorique pour assurer la sauvegarde de cette espèce. Elle s’impose quand les populations naturelles de celle-ci deviendront trop peu nombreuses et sont exposées à de tels risques dans leurs habitats d’origine que leur survie dans la nature devient impossible. Le Centre cynégétique de Zéralda, en collaboration avec la direction générale des forêts, a adopté l’élevage en captivité de cette espèce. Une unité de multiplication en intensive a été créée depuis 1995, le noyau de cerf existant a été constitué à partir d’animaux captifs de diverses provenances (réserve de chasse de Mascara, Parc zoologique d’Alger et le Parc national d’El Kala). L’objectif principal de cette unité est la multiplication de l’espèce, la maîtrise de sa population et sa réintroduction dans les sites où elle a existé. Les recherches effectuées sur les sites de réintroduction ont permis de montrer que les chênaies du secteur numidien, en particulier les forêts de la région de Béjaïa, Jijel, Skikda et Annaba (toute la frange nord-est du pays) sont des sites potentiels et peuvent faire l’objet de la réintroduction du cerf de Berbérie. En se basant sur ces informations, la forêt de l’Akfadou a été retenue comme premier site de réintroduction de l’espèce. L’opération de réintroduction est entamée et la forêt d’Akfadou a reçu son premier noyau de cerf de Berbérie qu’elle avait perdu depuis longtemps. Pour assurer la réussite de cette première réintroduction, un programme de suivi a été mis en place pour contrôler l’adaptation des cerfs à leur nouveau milieu et leur évolution dans le temps. Enfin, nous pouvons dire que la préservation de notre diversité biologique est indispensable. C’est une partie de notre patrimoine naturel, socioculturel et économique. Son développement et sa préservation permettront d’accroître notre richesse collective et, de ce fait, de la léguer aux générations futures.
Posté Le : 13/02/2007
Posté par : hichem
Ecrit par : B. Lahmar
Source : www.elwatan.com