Le centre-ville paralysé par des manifestants

Des centaines de manifestants ont bloqué le centre-ville hier et avant-hier, pour protester contre les retards quant aux opérations d'attribution de nouveaux logements sociaux. Ce sont essentiellement les habitants de Souika et El Kasbah devant être relogés qui ont perdu patience pour sortir occuper la rue hier depuis le palais de la Culture Al Khalifa jusqu'au Palais de justice. Sans répit, ils scandaient «nos logements, y en a marre des promesses». Un important dispositif sécuritaire a été dressé par les forces de l'ordre et les forces antiémeute. Ces derniers préfèrent rester a l'écart pour éviter tout débordement de la situation, surtout que le centre-ville vit depuis trois jours à un rythme infernal. La veille du Ramadhan provoque une ambiance inhabituelle à Constantine comme pour annoncer la fin du monde ou faire état d'un lendemain de guerre. La ville a été paralysée toute la journée du samedi jusqu'au moment où nous mettons sous presse. Les autorités locales craignent que la situation ne prenne une tournure de non-retour, d'où la sage décision de garder juste un oeil sur le mouvement sans donner l'ordre aux policiers d'agir. Les citoyens sortis faire leurs dernières course pour le Ramadhan se sont indignés de cette situation qu'ils ont qualifiée «d'inadmissible et d'incivisme», notamment que «des malades devant rejoindre l'hôpital sont restés bloqués». Pour les automobilistes dont certains n'ont pas pu rejoindre leurs postes de travail, «c'est un acte d'incivisme, du fait que ce mouvement prend en otage des personnes qui n'ont aucun lien avec le problème, mais qu'on pénalise gratuitement». Les contestataires campent quant à eux sur leurs positions pour faire bouger les choses et faire comprendre aux autorités que «la patience a des limites». En tout état de cause Constantine vit ses pires moments en cette veille de Ramadhan. Tout a été bloqué et il ne reste pour beaucoup qu'à fuir vers la maison en abandonnant le centre-ville.