Algérie

Le centre culturel français d'Oran Algérie: tordre le cou aux idées reçues



Le centre culturel français d'Oran a abrité, mercredi en fin d'après-midi, une intéressante rencontre avec Georges Morin, l'auteur de l'ouvrage: «L'Algérie, idées reçues» édité par le Cavalier Bleu. L'auteur, natif de Constantine, listera d'emblée toutes les fausses idées, aux relents colonialistes, encore de nos jours colportées dans les médias et en milieu intellectuel, à l'endroit de l'Algérie de l'autre côté de la Méditerranée et qui l'ont incité, précisera-t-il, à produire cet ouvrage en vue de tordre le cou, évidemment, à tous ces clichés. La première idée est celle qui consiste à dire que l'Algérie a toujours été colonisée et de ce fait, la conquête française n'est qu'un prolongement à cette longue série. Avec dates à l'appui, il fera dire à l'histoire que sur 2.400 années d'existence, le pays a vécu 1.400 années sous le joug colonial et pendant 1.000 années en pays sans tutelle étrangère. Des Carthaginois aux Français, en passant par les Vandales, les Romains et les Turcs, les Algériens ont connu divers envahisseurs et divers soulèvements. L'autre fausse idée consiste à admettre que l'Algérie était un pays en friche en 1830 et ce sont les Français qui l'ont mise en valeur. Voilà, l'idée chère aux tenants de la colonisation. George Morin rappelle à ce propos «comment pouvait-il être ainsi alors que l'Algérie exportait depuis toujours son blé à la France? Quelque temps avant l'invasion française, le blé algérien nourrissait les troupes napoléoniennes en guerre contre toute l'Europe, rappelle-t-il tout en précisant que la dette non honorée de Charles X envers le trésor algérien, précipitera la conquête qui fera de l'Algérie une terre de massacres, d'enfumades et de destructions à grande échelle. Les Algériens ont-ils toujours milité pour leur indépendance? Oui, avec des moments tantôt d'insurrection tantôt des périodes de pleine adhésion comme ce fut le cas avec l'avènement de l'ère musulmane. Ensuite, l'histoire des harkis, pour qui, dira le communicant, «les deux pays ont un examen de conscience à faire». C'est à quoi l'assistance, à l'unanimité, dira qu'on ne peut pas accorder à ceux qui ont choisi le camp de la France un statut autre que celui de collaborateur. Il s'en suivra d'autres contre-arguments qui feront dire à l'auteur que les pieds-noirs n'étaient pas tous riches, en illustrant par l'exemple de la mère d'Albert Camus ou celle d'Emmanuel Roblès qui faisaient le ménage pour faire vivre les leurs. Il fera encore savoir que les juifs n'étaient pas tous des pieds-noirs, car nombreux vivaient en Algérie bien avant la conquête française. L'Algérie, un pays arabe, francophone, terre de violence au régime soviétique ou est-ce une dictature militaire? A toutes ces idées, il apportera ses contradictions pour affirmer «que l'Algérie, aux racines berbères, appartient à l'ère arabo-islamique par la langue et la religion, la francophonie n'est pas une vue de l'esprit, même si l'idée n'est pas admise, l'Algérie est un pays trilingue, et c'est une richesse, admet-t-il». La violence, par contre, est bien celle de l'ordre colonial français, dira-il, qui a failli disloquer des fondements d'une nation. Contrairement à l'idée reçue, l'Algérie a toujours opté, dès son indépendance pour le capitalisme d'Etat, même si le vocabulaire lié à la sphère économique était emprunté aux pays de l'Est. Ce sont le FLN et l'armée qui dirigent le pays et la presse n'est pas libre, voilà les autres fausses idées admises de l'autre côté de la Méditerranée. A ces allégations, l'auteur dira que «le FLN est une mosaïque apparente, représentant diverses tendances, tout comme l'armée qui a eu à intervenir non pas pour commander mais juste pour rétablir l'ordre dans la République (qui n'est pas à confondre avec le pouvoir en place) qui tient bon en dépit de ce qui se laisse entendre». La presse est-elle libre? La plus libre du monde arabe, en dépit de quelques écueils, ajoutera le conférencier. Georges Morin est un universitaire spécialité du Maghreb. Il préside, depuis 1985, l'association culturelle «Coup de Soleil» dont le but est de faire connaître le Maghreb et ses populations. Il a fait partie du haut conseil de l'intégration. Il dira, en fin de compte, que l'Algérie avec ses richesses multiples et son histoire peut se hisser, en terme de niveau de vie et de progrès, au moins à la hauteur de l'Espagne.


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