Algérie

Le célibat forcé en Egypte



Un divorce toutes les six minutes. Voilà le rythme des drames conjugaux des Egyptiens, et selon des récentes données statistiques, près de 40 millions en âge de convoler en noces justes ou calculées sont célibataires, divorcés ou veufs.Près du quart de la population ayant atteint l?âge du mariage se voit privé de la possibilité de fonder une famille, en raison de l?inflation des prix sur le marché matrimonial et les exigences sociales qui priment sur tout le reste. Tiraillés entre la pression d?une société archaïque qui érige l?union religieuse et civile en norme absolue et en mesure exclusive de toute relation entre personnes de sexe différent, les jeunes Egyptiens, quand ils arrivent à amasser la fortune propre à satisfaire les exigences de leur future belle famille déchantent aussi rapidement qu?ils s?étaient décidés. C?est que l?abîme est grand entre les urgences biologiques, l?image de l?époux ou de la femme idéaux et la réalité qui s?installe aussitôt l?union consommée. Pas de temps et jamais de temps non plus pour aimer, se découvrir et apprendre à se connaître ; il existe un âge fatidique et une femme célibataire à 25 ans est condamnée à le demeurer pour l?éternité sous l?opprobre générale. Ici on oublie que les nains aussi commencent petits et avant de franchir le pas il faut préalablement posséder voiture, appartement meublé et prêt à l?emploi et payer la fameuse «chabka» qui varie en fonction du statut social et va de l?or aux rivières de diamants.Si près de la moitié de la population se trouve condamnée au célibat, il faut prendre, en plus des considérations statistiques brutes, les coûts sociaux de cette situation qui a mené de nombreux jeunes hommes au suicide et la fuite hors d?une réalité faite de chômage en raison d?un marché du travail saturé et toute manière incapable d?offrir les rémunérations symboliques et matérielles nécessaires ou même minimales.46 % des couples égyptiens divorcent la première année de leur mariage. La recherche effrénée du bon parti cousu d?or a ainsi conduit une famille à marier sa fille âgée de 19 ans à un homme portant largement ses 76 années moyennant 100.000 livres de dot. La première sieste du vieux monsieur fut fatale au couple ; la jeune épouse s?étant enfuie et trouvé refuge chez ses parents. Les drames conséquents à ces unions forcées où la fortune ouvre l?accès à tous les abus se multiplient en proportion de la dureté de la situation économique. Seulement, il faut rembourser les frais. La Khol?à qui accorde à l?épouse le droit de demander la séparation ou le divorce la condamne aussi à rembourser la totalité de la somme acquittée pour son «acquisition».Pour finir, il faut préciser que ces lignes ont été inspirées par une conférence donnée par trois journalistes de l?hebdomadaire «El Ahram hebdo» qui avaient invité une jeune directrice d?agence matrimoniale ; tout droit sortie d?une série hollywoodienne chic, qui s?était empressée de vendre sa soupe en exhibant les prospectus de mauvais goût de son business lucratif, mais qui sentait trop le malheur d?une société déchirée et malade. Ainsi va la vie conjugale dans la patrie des Pharaons.


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