Algérie

Le cauchemar prend fin


La polémique du retour des fans des Verts bloqués au Caire s'est enfin achevée. Après un scandale internationalisé et des accusations mutuelles entre les supporters et les responsables de cette opération de retour, notamment Air Algérie, le dernier vol est enfin arrivé dans la soirée d'avant-hier, lundi. A son bord, on comptait près de 200 passagers, tous des supporters.Il est 18h50 à l'ancien aéroport Houari Boumediène. L'arrivée de ce dernier vol en provenance du Caire est imminente. En quelques minutes, les premiers supporters commencent à sortir. Vêtus de maillots de l'équipe nationale, ils sont facilement identifiables. Malgré la fatigue, Ben Aissa, un quinquagénaire originaire de M'sila, nous raconte ce qui s'est réellement passé à l'aéroport international du Caire.
«Dès le départ, je savais, ainsi que mes amis qui sont venus avec moi, que notre retour est prévu pour lundi. Durant notre séjour, nous étions très bien pris en charge. Le problème s'est posé pour les personnes ayant raté leur vol de retour après les matchs de quart et de demi-finale de la CAN. Pour s'assurer des places, ils ont utilisé la force pour mettre la pression sur Air Algérie.
Ils avaient peur d'être abandonnés ou obligés de payer des pénalités, voire carrément acheter de nouveaux billets», raconte notre interlocuteur. Selon ses estimations, ceux qui sont à la source du chahut déploré à l'aérogare du Caire, ne représentent que 10% des supporters. Ilyes, un jeune cadre dans une entreprise publique, confirme ce témoignage et apporte plus de détails.
«Vendredi, juste après la fin du match, il y avait près de 200 bus pour le transport des supporters. Ils avaient deux destinations : l'aéroport et les hôtels. Obstinés à rentrer en même temps que l'équipe nationale, certains se sont dirigés vers l'aéroport alors qu'ils avaient des retours prévus le dimanche et le lundi, comme nous.
Ceci sans compter ceux qui avaient raté leurs vols prévus juste après les matchs précédant la finale», relate-t-il. Pour lui, Air Algérie a sous-estimé le rush qu'il y aurait en ce vendredi soir.
Selon ce jeune supporter, l'affluence des fans des Verts a fait paniquer tout le monde à l'aéroport, y compris les agents locaux d'Air Algérie et le personnel égyptien. «Certes, je n'y étais pas, mais j'avais un ami qui a refusé d'attendre jusqu'à lundi. Il est resté 48 heures à l'aéroport. C'est à travers lui que je savais ce qui se passait.
Face à ces foules importantes, les autorités égyptiennes ont mobilisé une salle pour regrouper tous les supporters. Une minorité de ces derniers a refusé d'y aller, encore moins d'y rester, en usant de la force. Fatigués, ils avaient peur d'être oubliés et de ne pas avoir de place de retour.
Ils ont harcelé tout le monde, essentiellement les représentants d'Air Algérie. Ils voulaient mettre de la pression pour rentrer le plus rapidement possible. C'est cette anarchie qui a fait intervenir les forces égyptiennes de maintien de l'ordre», ajoute notre interlocuteur qui confirme la casse à l'intérieur de l'aéroport du Caire. Les choses ne se sont rétablies que le dimanche à midi.
Psychotropes? la dose de trop
Ce qui a envenimé la situation dans cette aérogare du pays des pharaons, c'est la disponibilité de certains médicaments interdits en Algérie et classés comme psychotropes. Selon les supporters que nous avons approchés, ces comprimés étaient cédés sans ordonnance et à des prix très bas.
Le prix d'une boîte ne dépassait pas les 100 livres égyptiennes, soit l'équivalent de 1000 DA. «Des supporters sortaient en ville et s'en procuraient pour les revendre à l'intérieur de l'aéroport. Cette minorité, qui est entrée en confrontation avec la police égyptienne, était sous l'effet de la fatigue et de ces comprimés hallucinogènes», déplore Mohamed, un des supporters ayant raté son retour après le match de la demi-finale.
L'abondance de ces produits interdits en Algérie a conduit, selon le témoignage des présents à l'aéroport, un des fans des Verts à en consommer en surdose. Il serait sorti en direction de la ville et aurait chuté dans le Nil. La Protection civile du pays l'a repêché et aurait considéré cette affaire comme tentative de suicide. Ce n'est qu'à l'hôpital que les véritables causes ont été élucidées.
Mohamed, Ben Aïssa, Ilyes et tous les autres pointent du doigt, dans cette situation, les autorités algériennes, mais surtout Air Algérie. Pour eux, les responsables de cette compagnie n'ont pas fait preuve de sens d'organisation. Notamment parce qu'ils ont assuré le départ des supporters d'Algérie et avaient les chiffres exacts des personnes ayant raté leur vol de retour.
Les prévisions étaient plus ou moins faciles à faire pour éviter cet effet boule de neige qui a éclaté en moins de deux heures. Dans son dernier bilan, cette compagnie nationale a annoncé le transport de 4706 supporters en moins de 72 heures. La majorité absolue de ce nombre n'a pas respecté ses dates de retour initiales prévues à leur départ d'Alger.
Air Algérie déclare avoir 25 avions AH et mis en place toute une organisation et une logistique efficaces. Toutefois, contrairement à ce qui a été répandu sur les réseaux sociaux, tous les supporters que nous avons approchés ont été unanimes quant à l'hospitalité des Egyptiens. La direction de l'aéroport du Caire aurait même distribué des sandwichs et des bouteilles d'eau pour ces voyageurs algériens attendant leur vol.
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