Le casseur de barres !

Abderrahmane Djebbar, l'ancien milieu de terrain du NAHD de l'après-indépendance, qui vient de tirer sa révérence, était un homme discret malgré un physique imposant. Sur les terrains, il ne passait pas inaperçu avec son mètre quatre-vingt-dix, mais aussi sa technique, lui qui rayonnait sur le milieu husseindéen. Mais il a surtout laissé le souvenir d'un joueur aux coups-francs canons car il avait une frappe de mule. D'ailleurs, sur certains terrains où les buts étaient encore en bois, il en a cassé quelques-uns par ses tirs puissants quand ses balles heurtaient soit la barre transversale, soit les poteaux. Normal, vu qu'il s'entraînait avec des médecine-balls, ces ballons lestés qui pesaient pas moins de 5 kg et parfois, il s'entraînait pieds nus. On se souvient d'un fameux derby contre le CRB au stade du 20-Août lorsque l'arbitre siffla un coup-franc en faveur du NAHD à 30 mètres. Le regretté Nassou était le keeper du Chabab. Avant l'exécution de la sentence, Ahmed Arab qui était le défenseur central belcourtois organise le mur et se retourne vers Nassou pour lui dire de ne pas essayer de bloquer la balle, mais de la dévier. Djebbar envoie un boulet de canon que Nassou ne pourra que dévier dans ses propres filets. Le ballon était tellement puissant qu'il fera appel au soigneur pour apaiser des doigts douloureux. Et selon certains témoignages, Djebbar a été le premier buteur du premier Championnat d'Alger et devinez comment ' Sur un coup-franc, bien sûr.H. B.
Karim Bouyahi (ex-défenseur international et co-équipier de Djebbar au NAHD) :
«Djebbar était le spécialiste du coup-franc»
Quel souvenir gardez-vous de Djebbar avec lequel vous avez porté le maillot du NAHD '
On a débuté pratiquement ensemble au NAHD. J'étais un peu plus jeune que lui et c'était un homme très gentil et calme malgré un physique plutôt impressionnant. Il évoluait au milieu et j'évoluais à côté de lui.
Sa spécialité, c'étaient les coup-francs '
C'était un spécialiste des coups-francs à l'époque avec Aouadj Zoubir du MCA et Boualem Amirouche de Kouba.
Est-il vrai qu'il s'entraînait avec un médecine-ball '
Oui, je le confirme, mais il s'entraînait le plus souvent après les séances normales avec le gardien réserviste qu'on appelait Khoukhi et dont je ne me souviens plus du nom exactement. C'était vraiment un tireur d'élite et d'ailleurs, la plupart du temps, les équipes adverses qui connaissaient sa réputation évitaient de commettre de fautes sur nos attaquants à 30 mètres de leurs buts parce qu'ils savaient que sur coup-franc, Djebbar avait au moins 80% de réussite.
Quel genre de joueur était-il '
Il était lent vu son gabarit, mais techniquement, il savait manipuler un ballon. Je peux vous dire que nos attaquants se régalaient avec ses longues transversales précises de 40 mètres. Ses corners étaient d'une précision diabolique. Je l'aimais bien parce qu'il s'occupait de nous les jeunes et j'en garde vraiment le souvenir d'un homme généreux.
Propos recueillis par Hassan Boukacem