Algérie

Le casse-tête des budgets incompressibles



L'action sociale de l'Etat, son intervention économique, les subventions au fonctionnement sont aussi incompressibles que les salaires.Les annonces du gouvernement, dimanche, sur une réduction de 50% du budget de fonctionnement hors salaires ont donné matière à débats aux économistes qui préviennent, déjà, que la marge de man?uvre est très étroite. Le coup de rabot prévu pour le budget de fonctionnement serait très difficile à opérer, tant est que ce poste de dépenses comprend des budgets tous aussi incompressibles que les salaires.
Au-delà des dépenses de rémunération des personnels, qui accroîtraient, cependant, de 14,32 milliards de dinars par rapport aux crédits révisés de 2019, à 2 242,38 cette année, le budget de fonctionnement au titre de l'actuel exercice inclut une subvention de fonctionnement de 845,47 milliards de dinars (établissements hospitaliers et EPST compris), la seconde plus importante niche de dépenses après les salaires.
Il est peu probable que le gouvernement puisse toucher à cette subvention, du moins dans sa partie dédiée aux hôpitaux et autres établissements de santé publique, si ce n'est pour la revaloriser. L'intervention économique de l'Etat, dédiée, cette année, à soutenir l'importateur public de poudre de lait, l'Onil, ainsi que les établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic), est appelée à se prolonger, faute de solutions de rechange ; les Epic et les organismes d'importation de produits alimentaires dépendant essentiellement des dotations de l'Etat.
Celles-ci ont été revues à la baisse de 7,08 milliards de dinars cette année, par rapport à 2019, passant de 390,79 milliards de dinars à 383,70 milliards de dinars. Une seconde coupe à la mi-2020 serait-elle encore possible ' Probablement oui, dans un contexte de faible activité économique, mais les économies ne seraient que de quelques dizaines de milliards de dinars.
L'Etat pourrait, en revanche, couper dans les dépenses de matériel, de fonctionnement des services et d'entretien, ainsi que dans sa contribution au Fonds de solidarité des collectivités locales, mais là aussi, ce ne seraient que des économies de bout de chandelle, car les deux postes consomment respectivement 218,04 et 26,63 milliards de dinars. Après le coup d'arrêt forcé de l'activité économique, il serait possible de grappiller quelques milliards de dinars dans les dépenses de matériel, de fonctionnement de quelques administrations et Epic, mais les coupes ne seraient pas d'une grande incidence sur le budget.
Lequel est appelé à croître, son déficit à s'aggraver, dans la mesure où la priorité des prochains mois reste et va rester le soutien aux entreprises et à l'économie. Par ailleurs, l'Exécutif va se trouver confronté à d'autres dépenses à caractère incompressible, se rapportant essentiellement à l'intervention sociale de l'Etat à travers le soutien aux retraites, à l'emploi et aux opérations de solidarité en faveur des populations défavorisées. Les transferts sociaux budgétisés au titre de l'actuel exercice ont été maintenus quasiment inchangés par rapport à 2019, s'établissant à 1 798,4 milliards de dinars, soit 8,4% du PIB.
Que ce soit sur la prise en charge de certaines dépenses de la Caisse nationale des retraites (CNR) et autres indemnités de pensions de retraites, de la contribution de l'Etat au Fonds de réserve pour les retraites, les dépenses sont difficilement réductibles. Tout comme celles dédiées d'ailleurs à soutenir les préemplois et les dispositifs d'insertion, de l'action sociale au bénéfice des personnes en difficulté.
L'Etat consent également d'importants efforts budgétaires, dont le rachat des intérêts de certains prêts bancaires accordés aux institutions et entreprises publiques, la contribution en faveur de la stabilisation des prix de certains produits alimentaires, etc. Pour ainsi dire, les plus gros chapitres de dépenses inclus dans le budget de fonctionnement, à savoir l'action social de l'Etat, son intervention économique, les subventions de fonctionnement et la dette publique, se révèlent aussi sensibles aux coups de rabot que la masse salariale.
Certaines dotations risquent de connaître une revalorisation dans le cadre des mesures de lutte contre l'impact de la pandémie de Covid-19 sur l'économie et les familles. Du reste, une coupe de 50% dans le budget de fonctionnement hors salaires ferait gagner à l'Etat une dépense d'environ 1 300 milliards de dinars, soit légèrement au-dessous du déficit budgétaire prévu pour 2020 (1 533,4 milliards de dinars).

Ali Titouche


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