Le cas tunisien

Revirement - Conscients que les Algériens qui étaient considérés hier comme des pestiférés, sont une source exceptionnelle en matière de devise, les Tunisiens viennent de proclamer publiquement par voie de presse que la priorité leur était désormais réservée.
Les Tunisiens ont fait pratiquement les mêmes erreurs que les Marocains en matière de tourisme. Ils ont placé tous leurs atouts sur les touristes français et dans une certaine mesure étrangers. Le touriste algérien était secrètement méprisé et c'est tout juste si on ne lui demandait pas d'éviter de polluer l'environnement. Il avait difficilement accès aux hôtels super luxueux réservés aux «Gaouris» et lorsqu'il demandait une bière en terrasse on lui répondait qu'elle n'était vendue qu'aux touristes.
A l'hôtel Claridge de Sfax par exemple, il n'était pas servi avec la même attention, souvent obséquieuse que les étrangers.
Pendant la décennie noire, les Algériens étaient suspects et on ne manquait pas de le leur montrer comme si chaque touriste était un terroriste en puissance. Et nous ne parlons pas des dizaines de visiteurs qui ont été battus et volés par les supporters tunisiens lors du match qui a opposé les deux pays pour une élimination en Coupe d'Afrique. Beaucoup sont revenus traumatisés à vie, infirmes ou invalides. Aujourd'hui que la crise est mondiale et frappe la France en particulier et l'Europe en général, les Tunisiens se souviennent tout à coup que l'Algérie est un pays frère, un membre à part entière du Maghreb et qu'il faut à tout prix encourager le tourisme maghrébin.
Maintenant que la précarité menace tous les foyers de l'Hexagone et que le nombre de touristes français dégringole dangereusement, nos voisins n'ont eu d'autres ressources que de baisser leur prix et d'investir dans la publicité.
Conscients que les Algériens qui étaient considérés hier comme des pestiférés sont une source exceptionnelle en matière de devise, ils viennent de proclamer publiquement par voie de presse que la priorité leur était désormais réservée. Mieux ils ont ouvert un bureau de promotion à l'extrême ouest à Oran qui était tourné traditionnellement vers le Maroc.
Une délégation de journalistes et l'ensemble des agences de voyages de la région ont même été invités pour se rendre compte sur place de la qualité des infrastructures et surtout de la sécurité qui règne dans le pays.
Juste retour des choses, car il n'y a pas si longtemps c'était l'insécurité qui régnait dans le nôtre qu'on nous jetait à la face.
En attendant la fin de la récession en France et le retour des touristes, les Algériens jugeront alors sur pièce.
Une destination les attire aujourd'hui de plus en plus : la Turquie. Et les Turcs l'ont parfaitement compris. Ils multiplient aujourd'hui les navettes entre Alger et Istanbul au maximum.