Le cas Ali B.

On a pensé à Sellal, puis à Ouyahia, Belkhadem, Zidane ou Boumediène, puis à un moment à Hamrouche qui, lui, a pensé à ne pas se présenter. Puis, de scenarii épuisés en pensées revisitées, on est revenus aux fondamentaux et tout porte à croire que l'élection se jouera entre Bouteflika et Benflis, comme si l'histoire bégayante se remettait à vomir ce qu'elle a mangé la veille en retournant à 2004 ; le FLN contre le FLN avec comme arbitre le FLN pour une victoire finale du FLN qui aura ainsi réussi à mettre tout le monde au musée, y compris le FFS. A première vue, on ne devrait pas parler de cette élection, déjà clôturée et inintéressante, ni même de politique en Algérie tant que les archaïsmes maintiennent le principe de la primauté du vieillard sur le futur et des escarres sur la vigueur. Mais faisons semblant, les candidats se retirent un à un comme la mer, laissant apparaître du sable mou et une nouvelle rencontre Bouteflika-Benflis sans spectateurs, avec Raouraoua comme commissaire de match et de gros pipelines huileux comme lignes de délimitation du terrain.Benflis, qui y croit encore, se présente avec la conviction de l'emporter debout sur le roi assis en invoquant la modernité. Bouteflika, entre un envoi de blindés contre des lycéens à Béjaïa, une banale répression de tout rassemblement et quelques derniers chèques jetés à la face du monde, l'emporte. La télévision crie victoire du bout de son périscope et les importateurs de blé, d'armes et de sachets en plastique organisent un méchoui géant sous la place des Martyrs. Que faire de Bouteflika ' Rien, il se défera tout seul par la biologie. Mais que fera-t-on de Benflis ' Ce ne serait déjà plus un lièvre, mais un petit lapin. Au choix, faire un élevage pour les générations futures, cuisiner sa viande avec des champignons et une sauce moutarde. Mieux, en faire une fourrure pour le long hiver de 5 ans qui s'annonce.