Algérie

Le carcan


Le carcan
«Tout ça pour ça». C'est la conclusion qui s'impose à la lecture du compte-rendu de la réunion bilans et perspectives qu'a tenue, jeudi dernier à Alger, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avec les présidents de directoires des Sociétés de gestion des participations de l'Etat (SGP), des responsables d'Entreprises publiques économiques (EPE) et plusieurs ministres. Pour le bilan, les réalisations de toutes ces entités économiques flirtent avec les pâquerettes alors que l'argent injecté pour les mettre à niveau et en faire des entreprises productives, compétitives et concurrentielles se compte en milliers de milliards de dinars. Plus de 2 000 milliards de dinars, selon les chiffres officiels, ont été consacrés par l'Etat ces dernières années pour l'assainissement des situations financières du secteur public et la relance de la machine industrielle (on n'inclut pas ce qui a été déboursé avant, depuis que l'Algérie s'est engagée dans l'économie libérale). En toute logique, le gouvernement escomptait donc un retour appréciable. Or, le montant des dividendes versé au budget de l'Etat en 2011 par le secteur public industriel n'a pas dépassé 1,4 milliard de dinars, une broutille. «Beaucoup d'argent a été dépensé mais les indicateurs de gestion des entreprises publiques restent en deçà de nos attentes», dira, à juste titre, M. Sellal. Si le «problème» des entreprises publiques n'est pas financier, il ne peut donc être que d'ordre organisationnel, ce que confirmera le ministre des Finances, Karim Djoudi, en affirmant que les raisons de ces échecs sont à chercher au niveau des gestionnaires des EPE et non de l'Etat. Dit de manière abrupte, cela veut dire que l'Etat a confié beaucoup d'argent et la direction de tout un secteur à des personnes qui ont failli, et ce depuis longtemps, tant en termes de gestion qu'en termes d'organisation, sans pour autant avoir la moindre justification. Car, le management n'est pas une technologie qu'il faut avoir et maîtriser. Il suffit de s'inspirer des modèles et schémas qui ont fait leurs preuves ailleurs, les adapter et les appliquer. Et des cadres formés en management stratégique, marketing, commerce international, droit commercial' existent, mais ils sont sous-exploités ou carrément inexploités. L'Etat a aussi sa grande part dans cet échec. Au lieu d'astreindre les EPE à mettre en place un système de gestion simple et efficace fonctionnant sur un modèle d'organisation où les fonctions et les responsabilités sont décloisonnées, ce qui permet l'amélioration continue du système, on les a encarcanées dans une organisation complexifiée et centralisée qui entrave toute action ou initiative. Une telle organisation, si elle a l'avantage d'encadrer toutes les activités, elle est toutefois rigidifiée et alourdit la réactivité de l'entreprise. Quand le moindre achat doit être soumis à l'approbation d'une commission qui se réunit quand elle veut, les approvisionnements finissent par en pâtir, et la production aussi. Mais la reproductibilité du modèle idéal de gestion d'une entreprise ne peut se faire en l'absence d'une culture d'entreprise qui ne se décrète pas. Elle est le produit d'une politique et d'une stratégie d'entreprise qui ne peuvent ni ne doivent être dictées par des tutelles administratives et/ou politiques.
H. G.
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