Algérie

Le carburant prisé par les passeurs


Bien que les quantités destinées à  la contrebande aient connu une baisse de 6% en 2011 comparativement à  l'année 2010, le volume des cargaisons de carburant ayant traversé les frontières du pays durant l'année écoulée a été de 1 659 840 litres, si l'on tient compte des statistiques qui nous ont été fournies par les services de la Gendarmerie nationale.
C'est dire qu'il ne s'agit aucunement d'une banale affaire de contrebande, dont les répercussions sur l'économie du pays ne peuvent àªtre que marginales. Le débat invoquant le trafic de carburant dans les régions frontalières revient, ces dernières semaines, comme une prière, sur fond de crise d'équilibre entre l'offre et la demande qui caractérise depuis plusieurs jours la situation du marché national du carburant. Selon les derniers chiffres émanant de la compagnie publique des hydrocarbures, Sonatrach a dû importer en 2011 2,3 millions de tonnes de produits pétroliers, dont la valeur est estimée à  2 milliards de dollars. Dans le détail, M. Zerguine, le PDG de Sonatrach,fraîchement désigné pour succéder à  Nordine Cherouati, a précisé que sur les 2,3 millions de tonnes de produits pétroliers importés, les carburants représentent 1,6 million de tonnes (1,3 million de tonnes de gasoil et 360 000 tonnes d'essence). Le coût des importations de l'Algérie en carburants a été multiplié ainsi par dix, puisque dans les années 2005 et 2006, le pays importait pour environ 200 millions de dollars annuellement. Aujourd'hui, l'Algérie importe annuellement pour 2 milliards de dollars, compte tenu de l'évolution fulgurante du nombre de voitures roulant au gasoil et à  l'essence sans plomb, à  en croire le PDG de Sonatrach, qui s'exprimait récemment sur le sujet lors d'une conférence de presse. Près de 2 millions de litres de ces achats de l'Algérie vont vers la contrebande pour soutenir l'économie des pays voisins, au vu et au su des autorités du pays. Un manque à  gagner énorme pour l'économie algérienne.
La gravité du phénomène est double, surtout lorsqu'on sait qu'il est en connexion étroite avec d'autres formes de criminalité organisée.
Selon le bilan des activités de police judiciaire pour 2011, il est ainsi indiqué que 4625 affaires traitées représentent 38,81% de la criminalité organisée. L'évolution est de 2% par rapport à  2010. Les wilayas touchées par les maux en relation avec la criminalité organisée sont surtout Tlemcen (2024 affaires), Tébessa (797 affaires), Souk-Ahras (657 affaires). C'est dire que toutes les régions frontalières du pays sont gangrenées par ce fléau. Pour preuve, dans le compartiment des autres atteintes à  l'économie nationale, il est recensé 145 affaires de criminalité organisée, dont 27 à  Tébessa et 18 à  El Tarf. En outre, 20 affaires de détournement et dilapidation, 21 de fraude fiscale et 85 infractions à  la réglementation des changes ont été enregistrées en 2011 au niveau des régions frontalières, qui passent pour àªtre des foyers de la criminalité organisée face à  la passivité du gouvernement.                      
 
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