Algérie

Le carburant de contrebande menace les recettes des pétroliers marocains



Le carburant de contrebande menace les recettes des pétroliers marocains
Les trafics en tout genre entre les frontières algérienne et marocaine, notamment près de la ville d'Oujda, ne menacent pas seulement l'économie algérienne. La contrebande de carburants dans le sens Algérie-Maroc est particulièrement prisée par les ''hallabas'', qui grignotent le marché contrôlé par des sociétés pétrolières marocaines. Personne n'est dupe de l'ampleur de ces trafics, mais pour le moment, aucune parade n'a été trouvée pour y mettre fin.
Le trafic de carburants entre l'Algérie et le Maroc représente, en chiffre d'affaires, un manque à gagner d'un milliard de dirhams pour les sociétés pétrolières marocaines, et près de 350 millions de dirhams pour la douane. « Le phénomène est aujourd'hui à l'origine d'une baisse du chiffre d'affaires du secteur de 30% à 35% », estime Youssef Aherdan, secrétaire général du Groupement des Pétroliers Marocains (GPM), cité par l'Economiste.
Selon le quotidien économique marocain, ce trafic '' gagne les régions de Meknès, Fès, El Hoceima, Taounate. Les réseaux illégaux ont débordé pour atteindre des villes comme Kénitra, voire Rabat''. Devant la hausse du trafic de carburants, la raison est vite trouvée par l'Economiste : ''la contrebande des produits pétroliers s'est aggravée depuis l'augmentation du prix intervenue en juin 2012, et qui a porté le litre du gasoil à 8,15 dirhams contre 7,15 dirhams auparavant, alors que celui de l'essence est passé à 12,18 dirhams contre 10,18 dirhams''.
A l'été 2012, juste après l'annonce par le gouvernement de M. Abdelilah Benkirane de la hausse des prix à la pompe, des médias algériens et marocains avaient prévenu que cette décision allait provoquer une recrudescence des activités des ''hallabas'' (littéralement ceux qui traient les stations service), côté algérien, et des ''mouqatilates'' (voitures de trafiquants marocains utilisées comme bélier lors de contrôles routiers).
La hausse des prix à la pompe intervenue en juillet dernier au Maroc a donc sonné la charge pour les trafiquants, qui proposent, parfois aux abords des stations-service du gaz oil à 4 dirhams, contre un prix à la pompe de 8,15 Dh, soit un rabais de 50%. ''Des bidons contenant du carburant de contrebande sont proposés à côté des stations-services, donnant ainsi le choix au consommateur'', souligne un ''Pétrolier'', qui croit savoir que le ''Carbu'' de contrebande en provenance de l'Algérie est de ''mauvaise qualité''.
L'économie algérienne fortement pénalisée
Globalement, le trafic de carburants menacerait, selon des responsables du GPM, l'emploi dans les stations-service implantées dans les zones d'influence des trafiquants. Un rapport de la chambre de Commerce, d'industries et de Service d'Oujda, distante d'à peine 10 km de la ville algérienne de Maghnia, relevait que la contrebande des carburants dans la région de l'Oriental est encouragée par trois raisons : un fort taux de chômage dans la région, un important écart entre les prix des produits étrangers et les produits marocains similaires, et, surtout, l'éloignement de la Région Orientale par rapport aux grands centres commerciaux du pays, en particulier de Casablanca. Dans la région de l'Oriental, le taux de chômage est important, un peu plus de 20% contre une moyenne nationale de 10,1%, selon le Haut commissariat marocain au plan (HCP).
En Algérie, pourtant, le phénomène des hallabas exaspère. Outre les barrages routiers, le rationnement dans les stations-service proches des zones frontalières et des contrôles volants des douaniers, ce sont toujours les ''méchants'' qui gagnent et arrivent à faire passer leurs marchandises de l'autre côté de la frontière.
En 2011, un million de litres de carburant ont été saisis à la frontière algéro-marocaine, selon des chiffres des services de sécurité. ''Une contrebande qui coûte cher à l'économie algérienne, jusqu'à 400 millions de dirhams par mois'', estime le quotidien de marocain ''Libération'', alors que l'Algérie elle-même importe et une partie des carburants consommés sur son territoire.
Tweet
Partager


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)