Algérie

Le carburant algérien, nouvelle manne financière des contrebandiers



Le carburant algérien, nouvelle manne financière des contrebandiers
Le commerce informel qui existait entre la Tunisie et la Libye, avant ce qui est appelé le «révolution libyenne» il y a quatre ans, prive de nombreux contrebandiers de rente financière qui, parfois, permet à nombre de familles de subvenir à leurs besoins sachant que la contrebande est leur principale source de revenus.Parmi les contrebandiers tunisiens, nombreux sont ceux qui se sont tournés vers l'Algérie, après la fermeture des frontières de leur pays avec la Libye et le chaos régnant dans ce pays. La zone étant devenue non sécurisée, ces trafiquants, principalement ceux qui activent dans la filière carburant, prennent, depuis quelques années, le cap vers les frontières algériennes. Aux 16 000 litres de carburant destinés à la contrebande, saisis il y a quelques jours par l'Armée nationale populaire (ANP) dans la wilaya d'El Oued, frontalière avec la Tunisie, s'ajoutant à une autre quantité saisie auparavant, donnent une idée sur l'ampleur prise par la contrebande au niveau des frontières algéro-tunisiennes.Ce trafic existait déjà avant le chaos libyen, mais a gagné en ampleur depuis que les trafiquants ne peuvent plus se rendre en Libye à cause de l'insécurité qui y règne. Au siège du groupement de la gendarmerie de la wilaya d'El Oued, on nous apprend qu'en 2014, ce sont 95 760 litres de carburant destinés à la contrebande qui ont été saisis, contre 65 200 en 2013. Le volume de carburant saisi est en augmentation, renseignant sur les efforts déployés par la Gendarmerie nationale, mais également sur l'ampleur de ce trafic.La petite bourgade Dhiba, en Tunisie, ne reçoit, depuis la «révolution libyenne», plus de carburant venant de Libye, mais plutôt celui acheminé d'Algérie, et transporté ensuite jusqu'à Bizerte. «De cette contrebande dépendent plusieurs familles qui n'ont pas d'autres sources de revenus», nous dira un Tunisien au fait de la situationsocioéconomique dans nombre de zones frontalières tunisiennes.«Il y a des bourgades où la contrebande représente la principale activité, ajoute-t-il. Le carburant algérien se substitue à celui libyen, et El Oued est l'une des wilayas à travers laquelle le carburant d'Algérie «passe» en Tunisie où il parvient également jusqu'à Gafsa. De l'autre côté des frontières, le bidon d'environ 20 litres de carburant est vendu à près de 20 dinars tunisiens. Pour connaître la manne financière engrangée par cette contrebande, certains recommandent de se référer au rapport de la Banque mondiale de décembre 2013.Ce document estime que ce type de trafic entre la Tunisie et la Libye s'est accentué en 2011. Il représentait également, selon le même document, presque la moitie des échanges entre les deux pays. C'est dire son poids et son risque sur l'Algérie qui se substitue à la Libye. Le même rapport note que «le commerce informel ferait perdre environ 1 milliard par an à la Tunisie». L'Algérie également perd des sommes d'argent considérables puisque le prix du carburant, sujet à la contrebande, est subventionné. Le renforcement des mesures de sécurité prises par l'armée tunisienne aux frontières avec la Libye, et le chaos régnant dans ce pays, ont rendu presque impossible tout commerce informel entre nos deux voisins de l'Est.Pour rappel, en janvier 2015, les habitants de Dhiba avaient manifesté contre le manque de développement dans la région et revendiqué l'accès à l'emploi. L'Algérie et la Tunisie, qui ont intérêt à tout mettre en ?uvre pour le développement des zones frontalières, au bénéfice de leurs habitants, ont tracé un plan de coopération pour la concrétisation de plusieurs projets qui ont pour but d'offrir des perspectives de travail et de meilleures conditions de vie aux jeunes et à l'ensemble des habitants de ces localités qui, parfois, par absence de perspectives, font dans la contrebande pour, disent-ils, «survivre aux difficiles conditions socioéconomiques». Le développement de l'agriculture, l'encouragement de la pratique du commerce licite et la réalisation de marchés en commun, dont des marchés de cheptel, comptent parmi les projets retenus par l'Algérie et la Tunisie au bénéfice des localités frontalières des deux pays.




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