Algérie

Le campus oranais en proie aux obédiences idéologiques



Photo : Riad
De notre correspondant à Oran
Mohamed Ouanezar

Il faut dire qu'avec les décisions improvisées du ministère de l'Enseignement supérieur, il y a quelques années de cela, de combler le vide laissé par les enseignants déserteurs, on avait laissé libre cours à un recrutement presque à l'aveuglette. Certains ont même fait profiter ou plutôt primer les obédiences idéologiques et politiques sur les qualités pédagogiques et didactiques chez les candidats aux postes annoncés. Cela, sans compter la corruption qui prévaut dans les différentes opérations de concours de recrutement supervisées par les secrétaires généraux et autres chefs de personnels dans les universités. Certains sont même devenus millionnaires grâce à ces pratiques malsaines et condamnables. Du coup, de telles pratiques ont favorisé l'émergence et le renforcement de l'esprit claniste chez une grande majorité d'enseignants. Si dans un passé récent, le régionalisme primait dans les promotions et l'attribution des postes-clés dans les universités, aujourd'hui, c'est plutôt l'appartenance à tel ou tel autre parti politique au pouvoir qui vous fera gravir les échelons, au détriment de toute autre considération pédagogique ou compétences didactiques et autres. Seule la carte de militant compte. Et pas n'importe laquelle ! Cela à commencer par le recteur et ses subalternes nommés directement par le ministre et non par un conseil scientifique ou conseil d'administration. Les données sont, alors, faussées à la base. Conséquence inéluctable d'une telle gestion, le recrutement a donné lieu à un encadrement inadapté avec des enseignants qui ont besoin de recyclages et de formations supplémentaires pour pouvoir dispenser un enseignement digne de ce nom. « Dans un tel système, on ne peut travailler ni évoluer selon des normes scientifiques saines et objectives. Nous voyons des gosses gérer des départements, des incultes placés à la tête de facultés et des recteurs qui ne doivent leur nomination qu'à leur affiliation à un parti au pouvoir. Mais que font ces partis politiques dans l'arène universitaire ' En fait, tout le monde s'accommode de cette amère réalité connue par tous. «A notre époque, seule la compétence et la connaissance prévalaient. Et nous étions respectés pour cela », notera un professeur en phase de retraite.
Pour nombre d'enseignants, l'origine de la baisse de la qualité de l'enseignement chez les étudiants est, sans doute, la défaillance du système de l'éducation nationale. «Les étudiants arrivent sans grand bagage et sans grand niveau des lycées. Nous sommes confrontés à un véritable dilemme. Nous ne pouvons pas nous amuser à les recycler ou à leur fournir une formation de base. Nous avons un programme à respecter et à dispenser », note une enseignante de langue à la faculté des langues de l'université d'Oran. L'agitation syndicale des étudiants, pointée souvent comme moyen de chantage pour forcer la main à l'administration universitaire est à l'origine de cette situation malsaine dans les universités. «Les étudiants ne sont plus ce qu'ils étaient, il y a quelques années, où la conscience universitaire était de mise, où l'étudiant avait un bon bagage scientifique et où la qualité de l'enseignement se faisait ressentir. La majorité des étudiants que nous avons formés sont partis ailleurs. C'est la preuve irréfutable d'une qualité de l'enseignement qui a réellement fui les bancs de nos universités », notera notre interlocutrice qui s'étonne de voir des organisations estudiantines recourir à la grève pour «exiger le rachat des médiocres». Pour ce qui est du nouveau système d'enseignement LMD censé apporter les solutions adéquates, certains professeurs estiment qu' «il faut commencer par mettre à disposition les moyens didactiques et scientifiques indispensables et dispenser une formation-recyclage au profit d'un encadrement qui en a tant besoin».


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