Algérie

Le campus explose, fermons' l'hôtel ! Point net



C'est fou ce que les choses se mélangent chez nous, au point de ne plus rien comprendre. Après l'explosion de gaz dans une cité universitaire de Tlemcen, avec comme conséquence la mort tragique de huit étudiants, une commission d'enquête et de contrôle.
Composée des services de sécurité, de techniciens de Sonelgaz, d'officiers de la Protection civile et de représentants de la Direction du commerce de la wilaya, on ne sait pas vraiment la mission de cette commission même si à l'évidence, elle aura d'abord comme premier objectif de faire la lumière sur ce drame qui a mis tout le monde en émoi. Huit étudiants qui perdent la vie dans un campus en raison de négligences criminelles, il y a vraiment de quoi se révolter.
Mais voilà. Jusqu'à ce que la connivence technique soit formellement établie entre la tragédie de la cité universitaire Bekhti-Abdelmadjid de Tlemcen et la dangerosité ' ou l'obsolescence carrément ' des installations de gaz de' l'hôtel les Zianides de la même ville, il va être difficile pour tout le monde de comprendre que la première recommandation ferme de la commission instaurée par le ministre de l'Intérieur soit la fermeture de' l'hôtel en question.
Mais on n'en est qu'au début, en matière de mélange des genres, dans cette histoire. Même si les commissions d'enquête d'une manière générale n'ont pas vraiment bonne presse et font sourire de' dépit plus qu'elles ne font espérer l'éclatement de la vérité, on aurait quand même pu respecter les «formes» dans cette affaire en confiant au groupe la stricte mission d'enquêter sur le drame au lieu de l'encombrer d'une responsabilité bien plus lourde d'inspecter toutes les édifices de la ville, y compris dans la régularité de leur activité commerciale pour ceux dont c'est la vocation !
Et ça fait sourire de nouveau, en rappelant à tout le monde la bonne vieille formule qui consiste à dire que la meilleure façon de ne rien demander à faire à quelqu'un est de lui demander de tout faire ! Mais sourire, même de dépit, vaut tout de même mieux qu'avoir une peur bleue : il aura fallu ainsi que le gaz explose dans une résidence universitaire avec le sinistre bilan que l'on sait, pour envoyer des gens enquêter sur le niveau de sécurité des installations d'un hôtel qui vient d'être refait pour un coût de soixante milliards !
Et d'arriver à un diagnostic sans appel : «Absence de sécurité et de moyens de prévention pouvant générer un risque majeur sur la clientèle.» Puis le remède, sous forme de recommandation extrême : il faut fermer l'établissement. On aura quand même remarqué le gouffre qui sépare l'appréciation de la commission d'enquête et de contrôle et celle du personnel, appuyée par leur section syndicale qui, elle, pense que «l'hôtel dispose de tous les équipements de sûreté et de sécurité, ainsi que de tous les moyens de prévention contre tous les risques éventuels» !
On aura aussi remarqué que face aux graves conclusions de la commission, le personnel de l'hôtel et à sa suite le syndicat sont plus inquiets pour leur avenir socioprofessionnel que pour leur' vie, ce qui est tout de même difficile à admettre !
Tout aussi difficile à admettre, l'appel au «complot ourdi» du personnel des Zianides qui voit dans cette histoire une machination destinée à booster un autre hôtel' public dont on voudrait atténuer le fiasco commercial en fermant son unique concurrent ! Selon le syndicat, ce serait même l'unique objectif qui a motivé la création de cette commission !
Huit étudiants qui perdent la vie dans une explosion de gaz en campus, création d'une commission d'enquête qui recommande la fermeture d'un hôtel public qui serait trop gênant pour la prospérité d'un autre hôtel public, des travailleurs qui tiennent à leur boulot plus qu'à leur vie, difficile à démêler l'écheveau, décidément.


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