Témoin des affres du colonialisme
Des camps de détention et de concentration ont été érigés durant la période coloniale dont celui de «la Dzira» dans la banlieue de Aïn Sefra, au sud de Nâama qui demeure un témoin de la répression coloniale, française, exercée contre les révolutionnaires de l'Armée de libération nationale (ALN) et des Algériens en général.
Le camp de la Dzira... un autre lieu des pratiques répressives, coloniales
Ce camp qui s'étend sur 5 ha a été érigé le 19 août 1960 dans un endroit stratégique.
Au début il servait de point de surveillance des mouvements des moudjahidine et moussabiline qui venaient ou se rendaient au mont Makthar. La grande superficie du camp rendait difficile toute tentative des moudjahidine de l'attaquer ou de s'en échapper. C'est le commandement français des secteurs de Aïn Sefra, Tiout, Meghrar, Sefisfya, Djenine Bourezgue, Assela et Bousemghoun qui a décidé la construction de ce camp pour couper toute aide que les habitants et les membres de l'organisation civile du Front de libération nationale (Ocfln) apportaient aux moudjahidine dans les montagnes de zone VIII de la wilaya V, selon des sources historiques. Situé sur un plateau ceint de fils barbelés et de tours de contrôle, ce centre est composé de geôles souterraines pouvant contenir 5 à 10 détenus et d'autres individuelles. Son emplacement est idéal pour la détection de tout mouvement suspect sur de longues distances.
Selon une déclaration officielle de la gendarmerie française de l'époque, 16 personnes sont mortes sous la torture dans ce centre dont deux non identifiées et ce, entre le 19 août et le 21 septembre 1960. Les détenus décédés étaient enterrés dans les terrains alentours mais leurs restes n'ont jamais été retrouvés. Les moudjahidine de la région ont déclaré que le nombre de morts sous la torture était beaucoup plus important. Toujours selon la gendarmerie de l'époque, les détenus torturés mais restés en vie ont été jugés par le tribunal militaire de Saïda ou emprisonnés sans jugement dans les prisons militaires de Aïn Sefra, de Mascara ou d'Oran (Santa Cruz) et dans d'autres prisons coloniales.
Recours aux méthodes les plus abjectes contre des détenus désarmés
Des moudjahidine et de vieux habitants de la région de Aïn Sefra qui relevaent pendant la Guerre de libération de la zone VIII de la wilaya V, soulignent que des dizaines de militants et de citoyens désarmés, suspectés de collaborer ou de soutenir la Révolution, croupissaient dans ce camp. Les témoignages vivants de moudjahidine dont Djabar Kada, Benouis, Himri et Boudjerida Ould Brahim font état de tortures et d'interrogatoires inhumains, pratiqués dans ce lieu sinistre contre tous ceux suspectés d'appartenir aux rangs de l'ALN ou de soutenir les moudjahidine. Ces moudjahidine affirment que la grande majorité de ceux qui ont été arrêtés et transférés dans ce camp étaient des parents des éléments de l'ALN. L'ouverture de ce camp a coïncidé avec la recrudescence des actions révolutionnaires dans la région et l'intensité des combats et accrochages entre l'ALN et l'armée française, notamment au mont Imzi, Mekthar, Mir El Djebal, Merghad et Tanout dans la périphérie de Aïn Sefra et à la frontière Ouest à l'extrême sud-ouest algérien, selon les mêmes témoignages. Abondant dans le même sens que le moudjahid El Hadj Gherib, ancien secrétaire de wilaya de l'Organisation nationale des moudjahidin (ONM) de la wilaya de Nâama dans les années 1980, le grand moudjahid Bakir Boufeldja a indiqué que l'emplacement du camp de Dzira a été choisi pour sa proximité de la route principale reliant le nord-ouest au sud du pays (actuellement route nationale N° 6) et ce, afin de sécuriser le passage des convois militaires. Les détenus étaient acheminés, couchés dans des camions pour ne pas susciter les doutes des habitants lors de la traversée de la ville de Aïn Sefra distante du camp de 2,5 km, selon des moudjahidine. Le moudjahid Braki Mouloud né en 1930 à Aïn Sefra a précisé que la plupart des détenus étaient privés d'eau et de nourriture pendant plus de cinq jours, subissant les pires tortures telles les insultes, la noyade, la gégène et d'autres formes plus atroces et inhumaines les unes que les autres.
Camp de la Dzira... appel à le transformer en un monument historique
Ce camp tristement célèbre qui a fait l'objet de travaux de réaménagement a grand besoin d'être restauré et classé comme monument historique témoin des sacrifices consentis par le peuple algérien, comme l'attestent de nombreux moudjahidine de la région.
Les habitants de la région demandent la reconversion de cet édifice, encore debout, en musée qui conservera les souvenirs de tout un peuple qui a sacrifié ce qu'il avait de plus cher pour le recouvrement de sa dignité et de sa souveraineté sur tout le territoire national.
APS
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Posté Le : 01/04/2019
Posté par : patrimoinealgerie
Source : Algérie presse Service Publié dans La Tribune le 30 - 10 - 2012