Algérie

Le calvaire interminable des malades



Le calvaire interminable des malades
Galère ? «J'ai pris rendez-vous depuis plus de sept mois. Et là, on me dit que le seul spécialiste qui fait fonctionner le matériel d'imagerie est absent. J'ai payé un taxi à 6 000 dinars pour rien?!».C'est ce que nous dit, agacé et déçu, Abdelkader, rencontré à l'hôpital Maillot de Bab El Oued. Il est venu de la commune de Messâad, wilaya de Djelfa, accompagner sa mère pour un scanner «Ce qui m'a encore agacé est qu'on ne m'a même pas renouvelé le rendez-vous dans un délai proche. On m'a simplement demandé de revenir la semaine prochaine et puis on verra?! Voilà, comment on traite les pauvres citoyens», se désole encore ce quadragénaire, dont la mère souffre d'une tumeur au cerveau. Un simple exemple illustrant le calvaire de ces milliers de malades et de leurs parents qui parcourent plusieurs centaines de kilomètres et en fin de compte ils reviennent bredouilles. «Il y a des structures sanitaires à Médéa et Bouira qui sont dotées de scanners, mais elles ne fonctionnent pas, sous prétexte de manque de radiologues spécialisés. C'est la troisième fois que je vois mon rendez-vous reporté c'est vraiment trop?!», intervient Rabah, la soixantaine, venu, lui, de Beni Slimane, dans la wilaya de Médéa. Devant l'insistance des malades, éprouvant une souffrance intenable, les préposés aux guichets de réception des hôpitaux de la capitale se trouvent, eux aussi, dans un grand embarras. «J'aurais aimé vous rendre service, mais ce n'est pas ma faute. Je comprends votre situation, mais malheureusement je ne peux rien faire pour vous», c'est avec ces mots que ces derniers réagissent à la colère des malades. Avant de conclure avec la formule, devenue coutumière?: «Inch'Allah, ça va se régler dans les meilleurs délais.» Des mots d'une extrême gentillesse, certes, mais qui sont loin d'apaiser les malades, qui doivent s'armer d'une énorme patience face à ces carences qui semblent s'éterniser dans un secteur qui a, pourtant, englouti des centaines de milliards dans le cadre de la mise en ?uvre du plan de sa réforme entamée au début des années 2000. En cas de panne du matériel de radiologie, la galère des malades devient encore plus intense, car leur réparation nécessite souvent de faire appel à des techniciens étrangers. D'ailleurs une grande quantité de matériel est restée carrément à l'abandon. Certains malades n'ont pas hésité à accuser les opérateurs de détruire ces machines délibérément afin de se reposer ou d'aller exercer dans des cliniques privées. «Ces radiologues savent bien que lorsqu'un appareil tombe en panne, on devra attendre plusieurs mois pour sa remise en marche. Est-il normal, alors, qu'un scanner s'arrête après quelques semaines de son utilisation ' Il y a des malhonnêtes, qui sabotent les appareils exprès. Où est le contrôle ' Pourquoi la réparation prend plusieurs mois ' Et pourquoi les appareils ne tombent pas en panne chez les privés?'...», s'interrogent plusieurs malades, exaspérés. Las d'attendre et incapables de faire face aux frais exigés par les cliniques privées, plusieurs malades abandonnent carrément cette étape importante dans le parcours de soins, ce qui les expose davantage au risque d'aggravation de leur pathologie.




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